« Je trouve cela dommage. ‘A côté de la plaque‘ est l’expression qui me vient. Je ne comprends pas ce qu’elles ont voulu dire. C’est complètement inopportun dans le moment actuel où, vraiment, on est en train de vivre quelque chose d’assez extraordinaire pour la défense des femmes, de leur dignité, de leur liberté sexuelle, de dire non, de dénoncer« , a déclaré Leila Slimani dans un entretien à l’AFP.
Dans une tribune publiée mardi dans le quotidien Le Monde, un collectif de chercheuses, écrivaines, comédiennes – dont Catherine Deneuve – déclarent: « le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste« .
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Elles s’inquiètent en particulier du « puritanisme » et de l’avènement d' »un féminisme qui prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité« , dans le sillage de la libération de la parole de femmes agressées sexuellement après l’affaire Weinstein aux Etats-Unis.
La tribune a suscité un tollé auprès des féministes et d’une partie de la classe politique.
« Ce n’est pas pertinent. En plus, c’est approximatif en termes d’écriture. Ce n’est même pas à la hauteur des femmes qui l’écrivent« , a regretté Mme Slimani. « Je trouve cela totalement inopportun, pour défendre quoi en plus: un risque de puritanisme. Je n’ai pas vu s’abattre sur la France le puritanisme. On continue à se draguer, à s’aimer, à jouer et sans problème« , a asséné l’auteure de Sexe et mensonges: la vie sexuelle au Maroc, qui parle sans ambages de la sexualité féminine.
« En France, on est très fier de notre culture libertine mais, parfois, il faut tout le temps prouver qu’on n’est pas puritain, alors que le fait de dire non, ce n’est pas du puritanisme, c’est juste qu’il y a des choses qui ne sont plus acceptables. On veut rester dans un espace de gauloiserie fantasmée« , a ajouté la récipiendaire du Prix Goncourt 2016, plus haute distinction littéraire française.
« Il ne s’agit pas d’une guerre d’un genre contre l’autre. Je ne comprends pas. C’est peut-être une espèce de peur de voir le monde changer. Beaucoup de femmes ont intériorisé un certain nombre de normes du système patriarcal« , souligne-t-elle.
« Dans les rues du Caire, de New Delhi, de Lima, de Mossoul, de Kinshasa, de Casablanca, les femmes qui marchent s’inquiètent-elles de la disparition de la séduction et de la galanterie ? Ont-elles le droit, elles, de séduire, de choisir, d’importuner ?« , interroge aussi Leila Slimani dans une tribune sur Libération, espérant « qu’un jour ma fille marchera la nuit dans la rue, en minijupe et en décolleté, qu’elle fera seule le tour du monde, qu’elle prendra le métro à minuit sans avoir peur, sans même y penser ».
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