Le site archéologique de Jbel Irhoud (province de Youssoufia), où ont été découverts les plus vieux ossements d’homo sapiens – reculant l’origine de notre espèce de 100.000 ans – a intégré la liste des 300 lieux classés au patrimoine national marocain. Une reconnaissance qui ouvre de nombreuses perspectives.
« Après consultation de la demande de classement formulée par l’association des diplômés de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP), datée du 1er septembre 2017 (…) et sur proposition du ministre de la Culture et de la Communication, après approbation du ministère de l’Intérieur, il a été décrété l’inscription au patrimoine national du site archéologique de Jbel Irhoud », est-il écrit dans le Bulletin officiel 66-35, publié lundi 1er janvier 2018.
Par cette décision, le gouvernement a souhaité protéger la zone où ont été retrouvés les plus anciens fossiles d’hommes modernes jamais connus. Un périmètre non constructible a été délimité tout autour.
Relancées en 2004, et menées conjointement par des équipes de l’INSAP (Rabat) et de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste (Leipzig), des fouilles ont permis d’exhumer des fragments de crâne et une mandibule datant de 300.000 ans. Annoncée en juin 2017 par une publication dans la célèbre revue Nature, cette trouvaille a bouleversé la paléoanthropologie: l’être humain, sous sa forme actuelle, ne serait pas apparu en Afrique de l’Est il y a 200.000 ans, mais bien au Maroc, 100.000 ans auparavant.
« Une valeur archéologique certaine pour l’humanité entière »
Pour Abdelouahed Ben-Ncer, co-directeur marocain des travaux d’excavation, ce classement est « un grand pas en avant ». Il va permettre le déblocage d’une somme « importante » pour la mise en valeur de l’endroit, comprenant notamment la construction d’une clôture, une piste d’accès ou encore un musée. La voirie de la commune de Tlet Irhoud, ainsi que les voies de communications des provinces limitrophes, devraient également être réhabilitées.
Ces aménagements pourraient ouvrir la porte à une inscription au patrimoine mondial d’ici quelques années, comme l’avait publiquement souhaité le ministre de la Culture lors d’une visite sur les lieux, en août dernier. Mohamed Laarâj vantait alors une « valeur archéologique certaine pour l’humanité entière ». Quant au Pr Ben-Ncer, il espère étendre la protection à tout le massif. « Il n’est pas exclu qu’il recèle d’autres ossements. Nous allons poursuivre nos prospections! », s’enthousiasme le scientifique.
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