À moins de deux heures du rassemblement qui a débuté à 14h devant le siège de la commune, les rues de Jerada semblent désertes. Quelques dizaines de personnes sont pourtant emmitouflées dans leurs parkas dans le café Aragon où les membres la société civile ont pris l’habitude de se réunir. Camionnettes et voitures des forces de l’ordre passent par petits cortèges devant l’établissement, avant de stationner en file sur la rue jouxtant le siège de la commune.
Le rassemblement de 14 heures sera l’occasion de désigner les membres de la commission chargée du suivi du mouvement de contestation, que les locaux ont rapidement baptisé « Hirak de Jerada ».
« Ce sera aussi l’occasion de définir les revendications exactes du mouvement, qui seront axées autour de 3 points: réexaminer les tarifs de l’eau et de l’électricité, la présentation d’une réelle alternative économique, et la comptabilisation des responsables locaux », nous confie Mohamed Elouali, membre du bureau provincial de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
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Jeudi déjà, des habitants du quartier Massira avaient manifesté contre la cherté des factures d’eau et d’électricité devant la wilaya. Les forces de l’ordre sont alors intervenues pour disperser le rassemblement, interpellant trois personnes, « qui ont ensuite été relâchées vendredi après l’annonce de la mort des deux mineurs« , affirme Mohamed Elouali.
« C’est pour cela que la réévaluation des tarifs d’eau et d’électricité est un axe majeur du dossier revendicatif des manifestants, d’autant plus que la région a longtemps contribué à la production d’énergie au niveau national« , poursuit l’acteur associatif.
Mohamed Elouali annonce également qu’une « grève générale » est prévue vendredi au niveau de la province, après le débrayage « réussi » de lundi, selon ses dires.
À quelques kilomètres du centre-ville, l’hôpital provincial de Jerada-Lâaouinate grouille de vie. En l’espace d’une demi-heure, on y croisera autant de personnes que pendant toute la matinée. Plusieurs dizaines de personnes forment une longue file d’attente à l’intérieur du Centre de la pneumologie et de la silicose. « Je suis 34e sur la file d’attente, et plus de 30 personnes me suivent sur la liste. Le médecin est arrivé à 10 heures seulement alors que je suis arrivé de Hassi Blal à 8 heures du matin« , fulmine M’hammed, ex-mineur reconverti en maçon.
Ce centre flambant neuf ne devait ouvrir ses portes qu’en 2018, mais les autorités ont avancé l’ouverture à la demande de la population qui réclamait un centre de traitement pour les centaines de cas de silicose (maladie professionnelle provoquée par l’inhalation des poussières de charbon dans les mines). « À l’heure actuelle, 2 médecins et 12 infirmiers tiennent le centre« , précise un infirmier du centre, embauché sur contrat ANAPEC en attendant un recrutement définitif.
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