Le géant international de la location en ligne a fait un pas vers les autorités marocaines pour réguler son activité dans le Royaume, selon nos confrères de Medias24 et L’Économiste. « Nous avons rencontré des responsables d’Airbnb en juillet dernier, dont un représentant venu d’Irlande et un représentant juridique. Depuis, nous échangeons en continu par mail« , nous dévoile Mehdi Taleb, directeur central en charge de la réglementation, de la qualité et du développement au ministère du Tourisme.
« Ce sont eux qui nous ont approchés suite à notre régulation de Booking en 2015« , dévoile-t-il. En trois ans, il affirme avoir régularisé 600 maisons d’hôtes qui étaient dans l’informel sur cette plateforme.
Une fois cette première étape de régulation franchie, le ministère du Tourisme a décidé de s’attaquer au géant Airbnb. Ses équipes ont effectué un benchmarking auprès des pays européens voisins comme la France, l’Espagne ou l’Allemagne, et même les États-Unis (cf. encadré).
« L’activité est là sur le terrain. Nous ne pouvons pas la fermer, car les comportements des voyageurs ont évolué« , constate Mehdi Taleb. De plus, les touristes utilisant Airbnb participent à l’activité du pays, que ce soit dans les secteurs des transports, de l’artisanat, ou de la restauration. « Le Maroc doit encadrer ces flux, pour des questions de sécurité, mais aussi d’équité fiscale« , ajoute le directeur ministériel.
Aller vers le formel
Créé en 2008, Airbnb s’étend désormais en Afrique. Avec 80.000 logements à louer au Maroc en 2015, le royaume est la deuxième destination la plus prisée sur le continent, derrière l’Afrique du Sud.
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« Nous avions interpellé le ministère pour qu’il discute avec Airbnb, car cette plateforme concurrence des hôteliers et des agences de voyages », nous explique Fouzi Zemrani, vice-président général de la CNT (Confédération nationale du tourisme).
« Nous ne sommes pas pour la fermeture de Airbnb, mais nous voulons qu’ils soient soumis aux normes et règles marocaines« , poursuit-il, en prenant pour exemple le respect de la taxe communale et de la taxe de l’ONMT. « La loi 61-00 autorise la location de chambres chez l’habitant, mais il faut le déclarer à la police et payer les taxes hôtelières« , ajoute-t-il.
« C’est de l’informel. Airbnb doit se conformer à la réglementation du pays, et il faut que l’on applique une équité fiscale et que soient déclarées les nuitées« , s’indigne Abdelaziz Samim, direction de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière.
« Il y a aussi la question de la sécurité des personnes qui ne sont pas déclarées, alors que les clients laissent une trace à l’hôtel« , ajoute-t-il. Depuis peu, le ministère du Tourisme a remarqué un décrochage entre l’arrivée des touristes aux postes-frontières et les nuitées déclarées dans les hôtels classés et répertoriés.
Le ministère doit répondre à la grogne des professionnels sans pour autant éradiquer Airbnb, ce qui serait « impensable » et « irréalisable » selon Samir Kheldouni Sahraoui, président de la commission stratégie et investissement à la CNT. « Ce serait se priver d’une partie de la clientèle qui veut séjourner et voyager librement« , ajoute-t-il, précisant qu’il est nécessaire de réguler.
Vers une équité fiscale
Mehdi Taleb est dans un processus de négociation avec Airbnb pour que la sécurité soit renforcée, que les nuitées soient déclarées, que les taxes soient payées par ceux qui ont une activité récurrente et que des formations soient mises en place pour un meilleur accueil des clients.
Comme à Paris où elles sont limitées à 120, les nuitées louées pourraient être régulées en fonction des villes et des régions. « Pour l’instant ce sont uniquement des discussions avec Airbnb. Cela concerne aussi de nombreuses administrations comme le ministère de l’Intérieur, des Finances, l’Office des changes et les impôts« , rappelle le directeur central en charge de la réglementation, de la qualité et du développement au ministère du Tourisme.
Le but est de respecter quatre principes qui sont la sécurité, l’équité fiscale, la conformité réglementaire et l’expérience touristique. Le prochain site dans le viseur du ministère: Tripadvisor.
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Ailleurs, levée de boucliers contre AirbnbEn France, les personnes qui mettent en location des logements sur Airbnb vont devoir les enregistrer auprès de la mairie de Paris à partir du 1er décembre. Le numéro d’enregistrement sera visible sur la plateforme. Les nuitées sont désormais limitées à 120 par an pour les meublés touristiques. En France, ce sont les propriétaires qui louent illégalement qui sont sanctionnés, contrairement à l’Espagne où les sanctions se retournent contre les plateformes telles Airbnb. À San Francisco aussi, les locations sont enregistrées par la ville et sont limitées à 75 nuitées par an. À Berlin, les locations entre particuliers sur des plateformes ont été interdites, afin que 12.000 logements retournent dans la location traditionnelle. À l’exception de la location de chambres dans un appartement ou une maison, qui est autorisée. Faute de respect de cette réglementation, l’amende à la clé peut monter jusqu’à 100.000 euros.[/encadre] |
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