Moistube Irrigation, un système d'irrigation chinois pour sauvegarder la nappe phréatique marocaine

Lauréate du prix de l'innovation de l'African Entrepreneurship Award, Meryam El Ouafi importe une nouvelle technologie qui permet d'économiser 50% à 80% par rapport aux systèmes d'irrigation marocains actuels.

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Le tuyau poreux du Moistube Irrigation est perforé de milliers de trous nanométriques qui permettent du diffuser de l'eau en permanence au niveau des racines. DR

La sécheresse est un problème récurrent. Les agriculteurs regardent le ciel avec anxiété, priant pour que les gouttes de pluie tombent sur leurs cultures. Pendant ce temps, les nappes phréatiques et les barrages se vident, pompés pour arroser céréales, carottes et betteraves.

Meryam El Ouafi, qui vient d’être primée par l’African Entrepreneurship Award organisé par la BMCE Bank, propose une nouvelle technologie d’irrigation agricole ayant pour but de réduire la dépendance à la pluie et éliminer le gaspillage d’eau.

« Je l’ai importé depuis la Chine, à travers l’usine de production de l’inventeur lui-même, pour la tester sur mon complexe touristique d’Agadir« , explique la jeune entrepreneure. « J’ai vu que cela pouvait apporter une solution non seulement au Maroc, mais aussi sur le reste de l’Afrique« , ambitionne-t-elle. L’agriculture marocaine, encore très dépendante de la pluviométrie, fait vivre 40% de la population et représente environ 15% du PIB.

+20% de rendement

Le système d’irrigation baptisé « Moistube Irrigation » se compose de tubes poreux perforés de milliers de trous nanométriques. Enterrés à 15 cm du sol au niveau des racines, ils irriguent les plantes 24h/24. « C’est comme si vous placez un réservoir à côté de la racine, le sol est toujours humide« , explique Meryam El Ouafi.

L’entrepreneure, elle-même fille d’agriculteur, ajoute que ce système est bien plus efficace que le goutte-à-goutte, qui « pousse souvent trop d’eau vers la plante, ce qui provoque un phénomène d’évaporation ou de percolation« .

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Sur le terrain où la jeune femme a essayé ce système, elle a remarqué que les plantes avaient un rendement supérieur de 20% à l’irrigation traditionnelle. Elle a relevé en outre que son système permettait d’économiser 20 à 30% d’énergie et de fertilisants. « Nous testons aussi le Moistube Irrigation chez un partenaire qui fait la culture des tomates et sur d’autres plants d’orangers. Nous aurons les résultats après la récolte« , explique-t-elle.

La plupart des agriculteurs qui souffrent de la pénurie d’eau sont de petits paysans qui dépendent fortement des pluies et qui n’ont pas beaucoup de capital pour investir dans de nouvelles technologies. Ceux qui ont un terrain de moins de 5 hectares voient leurs frais d’installation de goutte-à-goutte entièrement remboursés par les subventions de l’État.

Rude est la concurrence, mais Meryam El Ouafi s’y prépare. Même si elle ne peut pas encore donner de prix précis pour ce produit qu’elle souhaite commercialiser à partir de 2019, l’entrepreneure dit « chercher des méthodes de financement adaptées« .

La jeune femme avoue avoir pris contact avec le ministère de l’Agriculture pour présenter ce système afin de l’homologuer et de pouvoir aussi bénéficier des subventions.

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Une usine vers l’Afrique

Avec son équipe de quatre autres personnes, dont un ingénieur en hydraulique et agronomie, la jeune femme commence à développer le business model de son entreprise Gems Green Engineering Mission. « La phase n°1 est d’introduire le système au Maroc. L’autre phase est de construire une usine au Maroc, de transférer la technologie et de l’exporter ailleurs en Afrique« , explique Meryam El Ouafi, ambitieuse. « J’ai déjà signé un protocole d’accord avec l’inventeur« , annonce-t-elle.

Pour l’année 2018, elle avoue vouloir se consacrer à la région Souss-Massa, très sèche et qui accueille beaucoup de cultures d’oranges et de tomates. Avec les 50.000 dollars du prix de l’innovation de l’African Entrepreneurship Award, Meryam El Ouafi souhaite investir dans une ferme démonstrative. « Nous allons aussi lancer des tests avec des  institutions et des agriculteurs renommés pour qu’ils essaient cette nouvelle technologie« , annonce-t-elle.

Le but est aussi d’essayer le système – déjà développé et commercialisé en Chine, en Australie et au Moyen-Orient – sur le sol marocain qui a ses propres spécificités en termes de sol, de culture et de climat.

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