Alors que le leader mondial des produits laitiers avait déjà rappelé douze références de laits infantiles fabriqués dans son usine de Craon (ouest de la France) le 2 décembre, le ministère français de l’Economie et des Finances a publié dimanche une liste de plus de 600 lots qui sont rappelés, interdits à la consommation et à l’exportation.
7.000 tonnes de lait retirées
De nombreux pays sont concernés: Algérie, Maroc, Grande-Bretagne, Taïwan, Roumanie, Grèce, Bangladesh, Chine, Pérou, Géorgie ou encore Pakistan. Le directeur général de la Santé Benoît Vallet a indiqué à l’AFP qu’il était « assez rare de prendre des dispositions massives comme on le fait là« .
Le rappel « concerne près de 7.000 tonnes de produits fabriqués » et potentiellement contaminés, a précisé à l’AFP Michel Nalet, directeur de la communication du groupe.
Les salmonelloses sont des intoxications alimentaires allant de la gastroentérite bénigne à des infections plus graves. Elles sont potentiellement plus dangereuses pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou celles dont le système immunitaire est affaibli.
Le ministère de l’Economie explique dans son communiqué que les mesures prises par le groupe depuis le 2 décembre ne sont « pas de nature à maîtriser le risque de contamination » par ces bactéries.
Une « cause probable de contamination » en mai
Ce précédent rappel avait été ordonné après la contamination par des salmonelles en France de 20 bébés âgés de moins de 6 mois, qui avaient consommé ces produits.
Or, cinq nouveaux cas de salmonellose ont été déclarés chez des nourrissons cette semaine en France, dont l’un avait consommé un lait de riz qui ne figurait pas parmi les produits rappelés le 2 décembre. « Ces enfants vont bien« , a rassuré le ministère.
Le porte-parole de Lactalis a évoqué une « cause probable de contamination survenue sur l’une de nos tours de séchage (de l’usine de Craon) dans la période du 1er au 6 mai« . « Par précaution, il a été décidé de procéder à un rappel plus large de l’ensemble des produits fabriqués depuis le 15 février », a-t-il ajouté.
Lactalis arrête tout
Lactalis a aussi arrêté ses installations ce week-end, « afin d’y engager des mesures de nettoyage, de désinfection additionnelles, renforcées, pour le futur« , selon le porte-parole. « On arrête tout!« , a-t-il insisté, évoquant un « principe de précaution très large« .
Ce grand nettoyage des installations est encadré par l’État: Lactalis « ne peut plus redémarrer sans avoir mis en place les mesures correctives qui s’imposent« , a précisé Benoit Vallet. « Il faut que l’entreprise fasse un plan de correction de sa production pour être capable de rouvrir sa production de laits en poudre« , a insisté le responsable.
Le directeur général de la Santé a d’autre part indiqué qu’en août et en novembre, des « prélèvements internes à Lactalis » s’étaient révélés positifs aux salmonelles sur le site de Craon.
Des traces ont été trouvées « sur du petit matériel de nettoyage et sur les carrelage« , et pas dans l’appareil de production, a confirmé Lactalis. « La première information sur ces problèmes de possible contamination nous est arrivée la semaine dernière« , a noté le porte-parole du groupe laitier.
Dans l’immédiat, le ministère a demandé aux parents, « dans la mesure du possible, de ne pas (…) utiliser » les produits concernés, essentiellement vendus sous les marques Milumel et Picot, mais aussi Carrefour. La liste précise des lots concernés en France et à l’étranger est disponible sur le site du ministère français de la Santé, www.solidarites-sante.gouv.fr.
Elle concerne une large gamme de laits premier et deuxième âge, lait-relais, poudres, avec ou sans lactose, à base de protéines de riz… Certains sont disponibles uniquement en pharmacie. Y figurent également des produits estampillés Algérie, Bangladesh, Chine, Soudan, Géorgie, Liban ou Royaume-Uni.
Selon le porte-parole du groupe, une bonne partie des lots ont sans doute déjà été consommés par des nourrissons qui n’ont rien eu.
Le groupe fait néanmoins part de « ses profonds regrets » et souhaite un « prompt rétablissement aux jeunes enfants » qui sont tombés malades.
En cas de symptômes d’infection (diarrhée éventuellement accompagnée de fièvre), les autorités sanitaires françaises invitent les parents à contacter un médecin dans les meilleurs délais, ou à tout le moins se renseigner dans une pharmacie.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer