Le secrétaire d’État au Transport, Najib Boulif, a affirmé ce week-end que 60% des permis obtenus au Maroc l’ont été de façon frauduleuse. Des propos qui font sortir de leurs gonds les représentants des auto-écoles. Ces derniers dénoncent la responsabilité du ministère dans les difficultés du secteur.
« Qu’entend le ministre par frauduleux?« , s’interroge Nourdine Safadi, président de l’Association des propriétaires des auto-écoles. « Durant toute ma carrière, j’ai été témoin de quelques dérapages, mais jamais de fraude à proprement parler. Je me demande comment on peut tricher quand ce sont des machines qui font passer l’examen du code. À mon avis, ce chiffre ne correspond pas à la réalité ».
Comme ce porte-parole, les représentants des enseignants de conduite que nous avons contactés sont tous restés « bouche bée » en entendant les déclarations de leur responsable de tutelle. Ils s’offusquent du discrédit jeté sur toute une profession, sur la base de « quelques » inspections « réalisées dans des circonstances bien particulières ».
« Quand Boulif parle de deux centres où le taux de réussite était de 100% pour 700 candidats, il doit citer leurs noms pour ne pas généraliser. Nous n’y sommes pour rien », renchérit Mustapha Raki, secrétaire général des auto-écoles Al-Maghribia. Pour lui « c’est le ministère qui fixe les règles« .
Si des malversations sont constatées, c’est lui qui doit les sanctionner. « Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Les agents n’ont qu’à faire respecter la loi. Nous sommes des propriétaires qui aimons notre travail. Nous demandons juste à être un peu couverts légalement », plaide-t-il.
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Selon le président national des Écoles de conduite marocaines (ECM), Ahmed Hamdache, le secrétaire d’État se tire lui-même une balle dans le pied : « si ces actes frauduleux existent, c’est lui-même qui en est comptable, puisqu’il est en place depuis cinq ans! »
Pour le réseau partenaire des Écoles de conduite françaises (ECF), membre de la Fédération mondiale de la sécurité routière, le signal envoyé aux partenaires internationaux est exécrable: chaque année, plusieurs centaines de milliers d’autorisations à la validité suspecte seraient mises en circulation (plus de 500.000 permis de conduire sont délivrés annuellement, NDLR).
Pour lutter contre la « corruption », Najib Boulif a évoqué un certain nombre de mesures: réforme de l’épreuve pratique, barème revu à la hausse, durée minimum de formation de 45 jours… Les associations n’y voient pourtant qu’un pur effet d’annonce. « La plupart de ces réformes sont contenues dans le contrat-programme 2014-2016, mais ne sont toujours pas rentrées en vigueur« , se désole Ahmed Hamdache. Le moniteur en veut pour preuve les caméras embarquées le jour de l’examen de conduite: théoriquement obligatoires, elles seraient régulièrement retirées par des examinateurs, qui ne font l’objet d’aucune sanction.
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