3 choses à retenir du message de Mohammed VI au sommet UA-UE

Dans son message adressé aux participants du 5e Sommet UA-UE, Mohammed VI a plaidé pour une relation Afrique-Europe plus équilibrée. Il a également annoncé la fin de l'UMA, et corrigé certains stéréotypes sur la migration.

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Le roi Mohammed VI accompagné du prince Moulay Rachid à la cérémonie d’ouverture du 5e Sommet Union Africaine-Union Européenne, le 29 novembre 2017 à Abidjan. Crédit: MAP
  1. Le roi plaide pour une relation Afrique-Europe plus équilibrée

En évoquant les liens entre l’Afrique et l’Europe notamment dans le domaine économique, le roi Mohammed VI a rappelé que la « solidarité » entre les deux continents n’était pas fondée « sur une philanthropie univoque », et qu’elle relevait d’une « responsabilité et d’une dépendance réciproques« . Dans ce sens, le souverain a également souligné que la relation entre l’UA et l’UE n’était plus basée sur une « logique d’assistanat verticale« , mais sur un « partenariat transversal« .

Il a ainsi plaidé pour la mise en place d’un « pacte bi-continental nouveau » axé sur « une compétitivité partagée, une colocalisation des entreprises productives, une mobilité humaine régulée et des échanges culturels féconds « .

Le souverain s’est également exprimé sur la dette des pays africains. Il a fait remarquer que la conditionnalité de cette dette devait être revue, car certains pays d’Afrique n’ont pas des performances politiques et économiques aussi positives que les pays occidentaux qui, eux-mêmes, ont « parfois » de « grandes difficultés sur les plans financier et politique« .

Cette partie du discours n’est pas sans rappeler celui prononcé par Abdelilah Benkirane, alors chef du gouvernement, au nom du roi Mohammed VI lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2014. Lors de cette allocution, le souverain avait demandé à ce que les pays occidentaux soutiennent le développement de manière plus objective.

Lire aussi: Benkirane: « les Occidentaux ne savent que donner des leçons »

« Les États occidentaux et les institutions qui en dépendent ne savent que donner des leçons, à profusion, et dans le meilleur des cas prodiguer quelques conseils. Quant au soutien qu’ils concèdent, il est très faible et est systématiquement soumis à conditions« , relevait le roi à l’époque, soulignant qu’il n’existait pas un modèle développement unique.

« Chaque pays suit sa propre voie [en termes de développement, NDLR], en prenant en considération son développement historique, son héritage culturel, ses ressources naturelles et humaines, des circonstances politiques spécifiques, ainsi que des choix économiques et les obstacles qui lui font face « .

  1. L’UMA définitivement enterrée par Mohammed VI

Alors que le Maroc a obtenu un accord de principe quant à son adhésion à la CEDEAO, Mohammed VI semble avoir tiré un trait définitif sur l’expérience de l’Union du Maghreb arabe (UMA) affirmant clairement que « l’UMA n’existe pas » et que si celle-ci avait existé, elle aurait pu faire face aux défis de la migration.

Ce discours fait écho à celui prononcé par le souverain lors du 28e sommet de l’Union africaine, au mois de janvier, où il avait déclaré que « l’UMA s’est éteinte« , et que l’organisation régionale se dissoudrait « en raison de son incapacité chronique à rencontrer les ambitions du Traité de Marrakech« .

  1. Priorité à la migration

Après avoir dénoncé la situation en Libye comme un  « déni de l’humanité », le roi Mohammed VI a évoqué la situation migratoire dans son discours.  Il a notamment regretté le fait que la migration n’ait pas été considérée « comme une source de solutions et d’opportunités« .

Tout en mettant en avant l’expérience marocaine dans ce domaine, Mohammed VI a tenu à corriger quelques préjugés sur la migration. Il a notamment rappelé que la migration africaine est d’abord intra-africaine signalant le fait que 4 migrants africains sur 5 restent sur le continent.

Le souverain a également indiqué que la migration clandestine ne correspond qu’à 20% de la migration internationale tout en rappelant que le phénomène est profitable aux pays d’accueil puisque 85% des gains des migrants y restent. Le roi a également défendu l’idée selon laquelle il n’y a « plus de distinction entre pays d’émigration, de transit et d’installation ».

Des idées défendues par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, lors d’une retraite régionale consacrée à la migration tenue au mois d’octobre à Skhirat. Un événement qui s’inscrivait dans le cadre du mandat panafricain sur la migration confié au roi Mohammed VI par l’Union africaine.

À noter que ce message envoyé par Mohammed VI au sommet UA-UE a été adressé alors que le Maroc accueillera le Forum mondial sur la migration en 2018 et s’est porté candidat à l’organisation du dialogue de haut niveau sur la migration de l’ONU. L’année 2018 sera également marquée par la mise en place d’un nouveau Pacte mondial sur la migration.

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