Saad Hariri a déclaré lundi qu’il souhaitait rester Premier ministre du Liban, mais que sa décision dépendrait des discussions en cours sur l’implication du puissant mouvement chiite libanais Hezbollah dans des conflits régionaux.
« Moi, je voudrais rester » Premier ministre, a souligné Saad Hariri. Le chef du gouvernement libanais a suspendu, à son retour au pays le 22 novembre, sa démission surprise annoncée dix-huit jours plus tôt depuis Ryad, dans une interview à la chaîne française d’information en continu CNEWS.
« Le Liban a besoin de quelqu’un qui rassemble. Dans cette année où j’ai été Premier ministre, j’ai rassemblé les Libanais (..) Je suis le symbole peut-être de la stabilité, » a-t-il esquissé.
Il a toutefois répété que le Hezbollah pro-iranien, partenaire de son gouvernement, ne devait « plus s’ingérer » dans les affaires d’autres pays arabes de la région. « Je veux la neutralité du Liban vis-à-vis de tous les conflits (…) Le Hezbollah est en Syrie, en Irak, partout, et c’est à cause de l’Iran », a martelé le Premier ministre en exercice, qui s’exprimait en français.
Si l’Iran et le Hezbollah acceptent le nouvel équilibre qu’il propose, « bien sûr » il restera en fonction, a-t-il assuré. S’ils refusent, « oui » il partira. Le dialogue avec le Hezbollah est « très positif », a-t-il relevé.
« Tout ce qui s’est passé en Arabie saoudite, je le garde pour moi »
Revenant sur sa démission, Saad Hariri a assuré avoir voulu provoquer un « choc » auprès des Libanais et répété avoir pris cette décision de son propre chef, et non sous la contrainte de Ryad. « Je voulais faire un choc positif, faire quelque chose pour le pays (…) C’était une manière de dire aux gens qu’il y a vraiment un très grand problème, que personne ne voulait » voir, a-t-il dit.
Sa démission surprise, et surtout son séjour prolongé en Arabie saoudite, ont alimenté les spéculations sur une interdiction de voyage imposée par Ryad. « Tout ce qui s’est passé là bas (..) je le garde pour moi », a-t-il relevé, ajoutant au mystère sur cette séquence politique inédite.
Saad Hariri, qui avait dit depuis Ryad craindre pour sa vie au Liban, a déclaré que la menace était « toujours là ». « J’ai mené une politique extrêmement dure contre les extrémistes, eu une position très dure contre le régime en Syrie. Je ne suis pas très aimé par tous ces gens-là », a-t-il pointé. Mais « j’ai un bon service de sécurité, qui fait son travail », a-t-il ajouté.
Saad Hariri, 47 ans, a accusé le régime syrien du meurtre de son père Rafic, ex-Premier-ministre, en 2005. Cinq membres du Hezbollah ont été mis en cause dans cet assassinat.
À plus court terme, il n’a pas exclu un remaniement de son gouvernement – « le président (Aoun) et moi déciderons dans les jours qui viennent » – et des élections législatives anticipées (« j’aimerais bien, pourquoi pas »).
Il a indiqué également que le président français Emmanuel Macron, très impliqué dans une sortie de crise après l’annonce de sa démission, souhaitait se rendre au Liban en mars 2018. « J’espère que ce sera Saad Hariri qui l’accueillera », a-t-il dit en souriant.
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