Grève ce matin devant le lycée Lyautey contre les coupes budgétaires des missions françaises

Ce lundi 27 novembre, plusieurs parents d'élèves se sont réunis devant le Lycée Lyautey pour protester contre la réduction du budget des missions françaises annoncée par l'AEFE. Le Conseil d'administration qui pourrait entériner ces mesures se tient concomitamment.

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Le lycée Lyautey de Casablanca, comme tous les établissements scolaires, a vécu un 3e trimestre enseigné à distance. Crédit: DR

Selon Mounya Dinar, présidente de l’Association des parents d’élève de l’enseignement public français au Maroc (PEEP), ils étaient une centaine de parents d’élèves en colère ce matin devant les portes du lycée Lyautey de Casablanca.

Une source présente sur place rapporte quant à elle qu’ils étaient « une poignée de parents« , qui se sont dispersés vers 10h, regrettant qu’il n’y ait « pas assez de monde« . Mounya Dinar nous indique qu’une partie de l’équipe administrative du lycée était présente, de même que des représentants du Service de coopération et d’action culturelle (SCAC) de l’ambassade de France à Rabat.

En parallèle, une « journée morte » est organisée à l’initiative des syndicats de parents d’élèves (l’APEK, la PEEP, l’API et l’UPCE), qui ont appelé les parents à ne pas amener les enfants à l’école.

Mounya Dinar nous informe qu’un mail a été envoyé hier par le lycée pour avertir les parents que certains cours ne seraient pas assurés par les enseignants aujourd’hui. « Il suffisait d’être devant les grilles du lycée à 8 heures pour voir qu’il n’y avait pas foule« , raconte-t-elle.

Contacté par nos soins, le lycée ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet. Si les syndicats avancent un taux de participation de 60 à 70% de la journée morte, la participation effective est difficile à estimer.

Conseil d’administration décisif

Parallèlement à la mobilisation se tient ce matin du 27 novembre le Conseil d’administration de l’Agence de l’enseignement français à l’étranger (AEFE). À l’ordre du jour, la suppression des subventions accordées aux établissements (hors sécurité), de certains postes d’expatriés et de résidents en 2018 et 2019 dont le nombre sera arrêté après un dialogue social, et l’augmentation de la participation financière complémentaire à 9% au lieu de 6%.

L’AEFE avait en effet annoncé en octobre qu’une « contribution exceptionnelle pour l’année 2017 » lui a été demandée « sous la forme d’une diminution de 33 millions d’euros de sa subvention » qui ramène le total de sa subvention à 354 millions d’euros. « Cette diminution, qui obère lourdement la trésorerie du siège de l’AEFE pour 2017« , affecte directement les établissements de la mission française.

Les effets de cette coupe budgétaire se matérialiseront notamment par « une anticipation de la facture relative à la participation à la rémunération des résidents pour la dernière tranche 2017, une incitation à régler de manière anticipée la facturation 2018 sur la base du volontariat des établissements et un report de certaines subventions à début 2018« , indique la lettre de l’AEFE.

Mobilisation des lycées français partout dans le monde

Au delà du réseau des écoles françaises au Maroc, une grande partie des missions françaises à travers le monde s’est mobilisée pour faire barrage aux coupes budgétaires.

Premiers levés, premiers en grève, les enseignants des lycées français d’Asie, hors enseignants en statut local, étaient dans l’ensemble très mobilisés – à l’exception du lycée de Hong Kong où les professeurs expatriés sont rares -, selon les témoignages recueillis par les bureaux de l’AFP auprès des écoles et lycées, des enseignants et de parents d’élèves souvent solidaires. A Pékin, plus de trois quarts des professeurs ont répondu à l’appel du SNES-FSU, premier syndicat des enseignants du secondaire; 57% au lycée de Tokyo où, pourtant, « les mouvements de grève sont rares », selon des responsables syndicaux. Forte participation aussi à New Delhi où Stéphanie Orace, professeure en poste depuis six ans, rapportait n’avoir « jamais vu une grève suivie comme cela« .

Les établissements d’Europe et d’Afrique n’étaient pas en reste: 83% de grévistes au Lycée de Vienne en primaire, 80% des personnels résidents à Athènes, « une grève beaucoup plus suivie que traditionnellement » aux Pays-Bas, selon le proviseur du lycée de La Haye Amsterdam, Franck Barro. A Nairobi, un tiers des 34 enseignants locaux se sont joints à leurs collègues grévistes de statut résident ou expatrié (16 sur un total de 20).

L’AEFE ne souhaite pas s’exprimer sur le mouvement lundi matin, ni publier le taux de grévistes, laissant le soin au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dont elle dépend de communiquer dans la journée.

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