Taoufiq Boussaid, président de Bombardier Transport Maroc, a présenté le 22 novembre la stratégie du groupe dans le royaume, lors du Rail Industry Summit de Casablanca qui réunissait des professionnels du secteur ferroviaire. « Nous augmentons nos ambitions: nous pensons tripler nos investissements« . Un investissement qui se veut « surdimensionné, mais surtout ambitieux« , précise Taoufiq Boussaid.
Afin de gagner en compétitivité, le constructeur a également annoncé son intention d’ouvrir une unité de production en 2020 à Kénitra. Étalée sur 145.000 m². Les travaux devraient débuter à la fin de l’année 2018, pour 60 millions d’euros (près de 670 millions de dirhams).
« Mais l’investissement de Bombardier sera sûrement supérieur, car il compte aussi le transfert de technologie, la formation« , précise Sébastien Ridremont, directeur de l’écosystème Maroc de Bombardier.
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La future usine, qui accueillera également les fournisseurs dans un espace de 45.000 m², devrait se situer dans la zone franche de Kénitra à quelques pas de la ligne de chemin de fer et à proximité du port afin de pouvoir faciliter l’exportation de la production.
Made in Morocco à destination de l’Afrique
Au total, Bombardier Maroc devrait exporter 60% de sa production, entre l’Afrique et l’Europe. « L’écosystème créé au Maroc va permettre d’être une tête de pont africaine et d’aller chercher les marchés africains de TGV, trains régionaux et tramways qui seront made in Morocco. Nous visons principalement les marchés d’Afrique occidentale et les pays africains où le Maroc a des relations poussées« , nous explique Taoufiq Boussaid qui compte s’appuyer sur les ancrages bancaires marocains sur le continent pour réaliser les montages financiers. A terme, l’entreprise compte créer 2 000 emplois directs et indirects dans cet écosystème.
« Il existe de nombreux challenges en Afrique, avec un doublement de la population d’ici 2050 et une concentration dans les grandes villes. Ces dernières auront des besoins en mobilité urbaine », ajoute Sébastien Ridremont qui veut aussi miser sur l’interconnexion entre les villes.
Cette ouverture vers l’international arrive alors que Bombardier a encore du mal à se faire une place sur le marché marocain face à son concurrent français Alstom.
Arrivé en 2011 au Maroc, le géant ferroviaire canadien a obtenu un contrat de rénovation de 14 trains ONCF entre Casablanca et Rabat et un autre sur la signalisation de la ligne ONCF entre Casablanca et Kénitra.
À Casablanca, Bombardier attend encore le résultat de l’appel d’offres de l’extension du tramway de Casablanca qui tombera « la semaine prochaine« , annonce avec impatience Taoufik Boussaid. « Ce serait bien qu’on l’ait tout de suite, car cela permettrait d’enclencher nos activités d’investissement immédiatement, mais il y a aussi d’autres opportunités dans des villes qui pourraient avoir besoin d’un tramway rapidement comme Tanger, Marrakech, Agadir ou Meknès« , souligne le patron de Bombardier Maroc.
« Vu la taille de l’investissement et les opportunités au Maroc, nous ne pouvons pas nous baser sur un marché pour remplir une usine, nous sommes obligés de nous ouvrir à d’autres marchés« , ajoute-t-il.
« Écosystème ferroviaire »
Pour gagner en compétitivité, Bombardier veut organiser un « écosystème » autour de cette usine. Le groupe compte faire appel à ses fournisseurs habituels, afin qu’ils le rejoignent au Maroc et lui permettent d’augmenter l’intégration de sa chaîne logistique.
Bombardier a déjà identifié 15 fournisseurs disposés à les accompagner dès maintenant, et 54 autres auxquels l’entreprise devrait s’associer dans les cinq prochaines années. « Les fournisseurs que nous avons identifiés travaillent déjà avec nous en Europe« , détaille Taoufiq Boussaid. « Nous proposons alors aux fournisseurs de délocaliser au Maroc », explique Samuel Lepoutre, directeur des achats à Bombardier Transports. Une logique déjà appliquée au Brésil en Inde.
Le patron de Bombardier Maroc insiste sur l’importance de créer des postes à haute valeur ajoutée au Maroc. C’est pourquoi un centre d’ingénierie employant actuellement 80 ingénieurs marocains a été créé. « Ce chiffre va monter à 200 ingénieurs marocains dans les 18 à 24 mois« , garantit Taoufiq Boussaid. À la rentrée prochaine, Bombardier lancera une formation en partenariat avec l’université Al Akhawayn dans le domaine du ferroviaire.
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