Le groupe canadien Bombardier Transport, leader mondial du secteur ferroviaire et des tramways, n’est présent sur le marché marocain que depuis 2011, mais affiche des ambitions élevées. Taoufiq Boussaid, président de Bombardier Transport Maroc, parle même de se positionner sur la prochaine Ligne à grande vitesse (LGV) entre Casablanca et Agadir.
Mais les appétits du groupe concernent aussi le reste de l’Afrique. Dakar, Yaoundé, Abidjan. Autant de capitales que Taoufiq Boussaid voudrait conquérir. Pour pouvoir s’installer, il explique qu’il est d’abord essentiel de développer « un vivier de compétences et de talents ».
D’où la signature le 6 juillet d’un partenariat avec l’université Al Akhawayn pour lancer un nouveau programme de formation en gestion dans l’industrie ferroviaire au Maroc. Et tant pis si Alstom, son concurrent et leader du marché au Maroc, est dans les parages. « Ils ne seront plus les seuls« , lance Taoufiq Boussaid. Le point sur les projets actuels et à venir de Bombardier Transport Maroc avec son président.
Telquel.ma: Bombardier a décroché deux contrats au Maroc depuis 2011. Où en sont ces projets ?
Taoufiq Boussaid: Notre premier contrat au Maroc décroché en 2011, concernant la rénovation de 14 rames de l’ONCF de la ligne Casablanca-Rabat, a été mené à terme. Les rames ont été rendues à l’opérateur, nous sommes désormais en phase de sortie de garantie. Le volume de ce contrat est de 15 millions d’euros. L’autre contrat de signalisation de la ligne LGV jusqu’à Tanger, qui pèse 85 millions d’euros, suit son cours. Il est beaucoup plus complexe et prend plus de temps.
Qu’en est-il de la construction de l’usine annoncée en octobre 2016 pour fabriquer des trains marocains?
La construction de l’unité de production se fera en fonction du projet sur lequel Bombardier se positionnera à plus ou moins court terme. La première étape est d’identifier les talents pour construire l’écosystème de fournisseurs.
Nous nous focalisons pour l’instant sur des activités d’ingénierie au Maroc. Nous avons créé un centre à Casablanca avec 15 ingénieurs. L’objectif est d’arriver à 50 ingénieurs d’ici la fin de l’année, qui travaillent à la fois sur nos projets au Maroc, mais aussi en Europe.
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Vous aviez rencontré des fournisseurs en octobre 2016. Qui sont-ils et avez-vous des projets précis avec eux ?
C’était une première rencontre exploratoire pour expliquer notre stratégie à une centaine de fournisseurs différents pour aligner nos stratégies. Bombardier est principalement un intégrateur. Une grande partie des systèmes mis dans un train sont issus de ce maillage de fournisseurs du câblage et des systèmes électriques.
Au total, nous avons identifié entre dix et quinze fournisseurs sur le marché marocain, dont deux ou trois fournisseurs marocains pour nous accompagner. Nous avons désormais la base pour amorcer nos projets. Maintenant, tout cela va dépendre des appels d’offres et des opportunités que nous allons saisir.
Quels sont les projets à venir sur lesquels Bombardier Transport Maroc compte se positionner dans le Royaume?
Nous avons identifié l’appel d’offres de Casa Transport qui va être lancé courant juillet pour l’extension du tramway de Casablanca. Ensuite, l’ONCF étudie la mise en place d’un appel d’offres pour l’achat de matériel roulant d’ici la fin de l’année.
Nous continuons en parallèle nos activités commerciales pour identifier des opportunités à saisir au Maroc, notamment sur le réseau de trains régionaux. Nous nous intéressons aussi aux projets de tramways potentiels. Nous avons entamé des discussions avec les différentes municipalités pour évaluer leurs besoins et leur présenter nos solutions, car nous sommes le leader mondial de ce secteur.
Nous sommes dans une phase de sensibilisation pour décrocher des marchés. Nous pensons aussi nous positionner sur le projet de LGV entre Casablanca et Agadir, qui pourrait s’étendre jusque dans les provinces du sud du Maroc et en Afrique de l’Ouest. Mais pour ce type de projet, il faut d’abord que l’opérateur développe les infrastructures et identifie les types de solutions de matériel dont il a besoin. C’est à ce moment-là que l’on se positionnera.
Vous focalisez-vous uniquement sur des projets marocains ?
Nous voulons être en mesure de capter les opportunités en Afrique de l’Ouest, au Maghreb, voire au Moyen-Orient à partir du Maroc. Nous avons effectué un travail d’analyse des marchés des capitales africaines, afin de construire des tramways à l’image de ce qui a été fait au Maroc pour résoudre les problèmes de congestion et de mobilité auxquels font face les capitales d’Afrique de l’Ouest, telles que Dakar, Abidjan ou Yaoundé en Afrique centrale.
Comment faire face à Alstom, votre concurrent qui domine le marché notamment avec le projet de la LGV vers Tanger et des tramways à Casablanca et Rabat?
Alstom a des parts de marché, car ils ont répondu à des appels d’offres auxquels nous avions décidé de ne pas répondre. Mais notre stratégie a changé et ils ne seront plus les seuls. D’autres concurrents sont intéressés par le marché africain et surtout le Maroc, comme Siemens. Le marché marocain est assez grand pour pouvoir permettre à des acteurs différents de se positionner.
Je ne pense pas que le fait qu’ils soient là depuis longtemps génère un avantage compétitif. De toute façon, les appels d’offres sont transparents: le client choisit le meilleur projet au meilleur prix. Quand il y a eu l’appel d’offres pour la signalisation de la LGV jusqu’à Tanger, tous les industriels du secteur se sont positionnés. Bombardier l’a remporté sans pour autant avoir l’historique d’Alstom, donc ce n’est pas incompatible.
Nous comptons nous appuyer sur le fait que nous sommes le leader du secteur ferroviaire et dans le secteur des tramways principalement. Bombardier a de quoi se mettre en avant, nous ne nous sentons pas défavorisés face à Alstom ou Siemens.
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