Stupeur générale à Sidi Boulaâlam, petit bourg à une soixantaine de kilomètres d’Essaouira. Ici, la mort tragique de 15 femmes sur la place du souk de ce village, où une distribution de paniers d’aide alimentaire devait s’effectuer, choque tout le monde.
« La grande esplanade grouillait de monde depuis le samedi soir. On pouvait facilement compter près de 4.000 femmes accourues de différentes régions, jusqu’à Marrakech », atteste un témoin direct de la bousculade qui a coûté la vie à 15 femmes et fait 5 blessés graves.
Rassemblés sur l’artère principale du village, les habitants racontent, stupéfaits, les péripéties d’un « dimanche noir« . « La distribution a débuté à l’aurore« , explique l’un d’eux. « Les paniers n’étaient destinés qu’aux tolbas (récitateurs de coran, NDLR) qui ont accompagné l’initiateur de cette distribution« , poursuit-il.
Des préparatifs de longue date
Pour les besoins de ce qui devait être une « opération de bienfaisance« , les organisateurs mobilisent les habitants du village depuis près de deux mois, nous apprend-on. « À raison de 60 dirhams par jour, nous les avons aidés dans tout le processus d’approvisionnement« , nous déclare Said Rahmani, l’un des jeunes ayant pris part aux préparatifs. Notre interlocuteur, décrit « un coup de com’ qui a mal tourné« .
« L’association en charge de cette initiative organise depuis 4 ans des campagnes semblables, il y a toujours des heurts au moment des distributions, mais jamais de cette ampleur« , nous confient plusieurs habitants, les visages fermés. Ils se désolent de voir leur petit patelin faire la une des médias.
Quid des responsabilités?
Le wali de la région, Abdelilah Bjioui, a expliqué que l’événement a reçu l’aval des autorités et ces dernières ont ouvert une enquête pour déterminer les responsabilités. Abdelkbir Hadidi, président de l’association à l’initiative de l’opération, a été interpellé par les forces de l’ordre dès dimanche après-midi. Cet imam d’une mosquée du quartier Californie de Casablanca et natif du village a été relaxé par la suite, après des heures d’interrogatoire.
Qui est responsable? Il serait hasardeux de tirer des conclusions à ce stade. Pour les habitants toutefois, la colère se cristallise autour de l’imam: « Il tenait à photographier toutes ces pauvres femmes pour faire montre de sa bonté », lâchent certains habitants dans les rassemblements improvisés à l’emplacement même où le drame a eu lieu.
Nous tentons toujours de joindre Abdelkbir Hadidi, qui se trouve à Sidi Boulaâlam, afin de recueillir sa version des faits. En attendant que la lumière soit faite sur ce drame, il règne dans ce petit centre rural une atmosphère des plus lugubres.
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