« Ce congrès, selon moi, c’est un début (….) je souhaite que l’on arrive à discuter dans l’espace public pour trouver des solutions concernant la liberté de consience« , a déclaré à l’AFP Mohamed Said, marocain, chrétien converti et membre du Centre des études et recherches en sciences humaines de Casablanca. Son but ultime est que la Constitution reconnaisse la liberté de conscience, et pour lui, la tenue même de la réunion est « une petite percée ».
« L’Etat marocain met toujours des barrières quand il s’agit de réformes juridiques concernant les minorités« , souligne Jawad el Hamidi, le coordinateur de la Commission marocaine des minorités religieuses qui organisait les débats. « Il y a une sorte de peur d’ouvrir cette porte et d’en discuter, même la société civile est encore réticente de parler librement de ce sujet« , a-t-il dit à l’AFP en marge du congrès animé par des universitaires, des chercheurs, des militants des droits de l’Homme, des prédicateurs et des représentants des minorités religieuses.
La réunion ne s’est pas tenue sans obstacle: le lieu du congrès a dû être changé, des intervenants se sont désistés après des « pressions » et ceux qui sont venus ont subi des contrôles serrés, selon les organisateurs. « Nous subissons des répressions, des harcèlements« , assure Jawad el Hamidi, évoquant aussi les « sorties médiatiques » les qualifiant d' »athées » ou d' »homosexuels ».
Prudent, le communiqué final se contente d’analyser la situation, de poser des questions et de « demander des réponses aux juristes éclairés ». Les minorités religieuses -chrétiens, juifs, baha’is et chiites- représentent moins de 1% de la population marocaine, qui reste majoritairement musulmane sunnite de rite malékite. Depuis la création d’Israël et l’indépendance du Maroc, ce qui fut la plus grande communauté juive d’Afrique du Nord compte désormais moins de 5.000 fidèles.
Si les Marocains convertis au christianisme, estimés à quelques milliers, doivent souvent vivre leur foi discrètement, les chrétiens étrangers jouissent d’une totale liberté. A condition de ne pas faire de prosélytisme –puni de trois ans d’emprisonnement.
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