Alors qu’une enquête française pointe les risques que présentent des médicaments courants, le manque et le faux diagnostic demeurent au Maroc le principal danger pour près de 80% des utilisateurs marocains de médicaments.
Une étude publiée le 14 novembre 2017 par le magazine français « 60 millions de consommateurs » a révélé que près de la moitié d’un panel de 62 médicaments disponibles sans ordonnance était « à proscrire« .
L’étude place également 21% des médicaments en question dans la catégorie « à privilégier ». Parmi eux, Vicks Vaporub, Imodiumcaps, Gaviscon menthe, ou encore Forlax 10 G.
L’étude interpelle surtout sur les nombreux risques ignorés par le public marocain et notamment sur les dangers de l’automédication. Un risque d’autant plus important que nombre de ces médicaments sont en vente libre au Maroc.
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Selon Nacer Abdelhamid, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM), « tous les médicaments vendus au Maroc obtiennent l’autorisation d’émission sur le marché par le laboratoire national de contrôle des médicaments » et ne peuvent constituer une menace que lorsque les consommateurs ne respectent pas les prescriptions médicales.
Le praticien pointe davantage l’automédication, davantage que les conclusions alarmantes de l’étude. « L’automédication est une pratique très courante chez les citoyens marocains par rapport à d’autres pays« , alerte-t-il. D’après Nacer Abdelhamid, les consommateurs marocains « ont tendance à partir chez le pharmacien plus que chez le médecin, c’est une question de pouvoir d’achat« . Cette tendance est présente le plus souvent dans les milieux ruraux.
Pour Mounir Tadlaoui, président de la FNSPM, « tout médicament utilisé de manière abusive peut entraîner un préjudice à son consommateur« . Il cite notamment le paracétamol (principe actif de Doliprane) qui « peut entraîner des problèmes très graves en cas de dosages très élevés« , ou encore l’aspirine « qui est un anticoagulant, peut provoquer une hémorragie en cas de non-respect des dosages prescrits« .
Cela est valable même pour le magnésium, consommé pour réduire leur stress: « en prenant un comprimé supplémentaire, ceci ne va pas réduire pour autant leur stress, mais peut provoquer d’autres effets indésirables« , souligne Mounir Tadlaoui.
Par ailleurs, le véritable problème de l’automédication est « le manque ou encore le faux diagnostic médical« , ajoute le président de la FNSPM. Au Maroc, en particulier, dans les régions enclavées ou rurales, « l’automédication est une obligation et pas un choix, et cela pour près de 80% de la population, car les professionnels de santé ne sont pas disponibles, il est donc nécessaire de mettre en place une carte sanitaire afin de pallier cette limite et de mettre en place des dispensaires dans chaque région et chaque village« .
Mounir Tadlaoui relève également que « la loi interdit aux pharmaciens de donner sans ordonnance des médicaments tels que les anti-inflammatoires ou encore des médicaments comme l’amoxil, le surgam, l’hydromax« . Ainsi, le pharmacien se trouve dans un dilemme entre la non-assistance à personne en danger et le respect de la loi dans la délivrance de médicaments.
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