La COP23 s’ouvrira à Bonn, le 6 novembre, au siège du secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies pour le changement climatique. Le Maroc passera alors le flambeau de la présidence de la COP22 aux iles Fidji, qui président cette 23e édition délocalisée de la Conférence des parties. Durant deux semaines, les négociateurs du monde entier tenteront de se mettre d’accord sur un schéma d’implémentation de l’Accord de Paris, signé lors de la COP21, et ratifié par un quota d’État suffisant pour son entrée en vigueur quelques jours avant la COP22 de Marrakech.
À Bonn du 6 au 17 novembre, les principaux points de discussions devraient tourner autour du rôle des États-Unis qui souhaitent se retirer de l’Accord, les objectifs à court terme pour ne pas se priver de certaines possibilité, la réévaluation des engagements nationaux pour contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C d’ici la fin du siècle, ainsi que différents mécanismes financiers.
Un climato-sceptique à la Maison-Blanche
En novembre dernier, l’élection de Donald Trump pendant la tenue de la COP22 à Marrakech avait quelque peu perturbé les travaux marocains des négociateurs internationaux. Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris faisait en effet partie des promesses de campagne du candidat républicain. Donald Trump l’a mise en application et annoncé en juin l’intention des États-Unis de se retirer de l’Accord de Paris, semant le trouble sur le rôle du deuxième plus gros pollueur de la planète dans les négociations climatiques.
La COP23 devra déterminer si les États Unis continueront de participer aux négociations sur un agenda restreint à l’atténuation, le marché carbone et la transparence de l’action tandis qu’il serait écarté des problématiques telles que l’adaptation, les pertes et profits, le financement des projets, le transfert de technologie et la capacité…
Agir à court terme
La fenêtre de tir pour contenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 °C d’ici la fin du siècle se referme. Il resterait moins de quatre ans selon les études les moins optimistes. Pourtant, les engagements des États pour l’agenda pre-2020 demeurent faibles pour y parvenir. Si les travaux des COP précédentes ont permis d’aboutir à l’Accord de Paris et à une stratégie à long terme, les pays en développement appellent désormais à des mesures d’urgence pour faire face aux effets des changements climatiques qui se font déjà sentir. C’est en ce sens que le Maroc avait souhaité placer la COP22 sous le sceau de l’action notamment. En droit, cela devrait se traduire par la demande des pays en développement de ratifier l’Amendement de Doha au Protocole de Kyoto, qui régissait les négociations climatiques avant l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris et qui couvre la période (2012-2020).
Rehausser les ambitions
En l’état actuel des engagements nationaux, les NDCs pour « nationally determined contributions », le réchauffement climatique à la fin du siècle atteindrait au moins 3 °C. L’Accord de Paris prévoit donc un mécanisme pour augmenter ces engagements : le « dialogue facilitatif » qui doit avoir lieu en 2018 et dont les termes doivent être affinés à Bonn. Problème : de manière schématique, les pays en développement arguent que les engagements portent sur l’adaptation, tandis que les pays développés entendent insister sur les efforts en matière d’atténuation (essentiellement la réduction des émissions).
Dédommager les petits pollueurs endommagés
La COP23 aura lieu en Allemagne, mais techniquement, ce sont bien les iles Fidji qui l’accueillent. Pour la première fois, une nation insulaire du Pacifique présidera une COP. L’occasion de faire valoir la position de ces petits états, premières victimes du réchauffement climatique alors qu’il n’y contribue que faiblement.
Depuis cinq ans, le mécanisme international de Varsovie prévoit un système d’indemnisation pour ces pays qui subissent le réchauffement climatique sans en être responsables. Néanmoins, il n’est pas doté d’une source de financement. Les pays développés ne sont pas enclins à discuter de ce financement, car il reviendrait à admettre une responsabilité dans les catastrophes naturelles que connaissent différents endroits du globe. Si les discussions seront une nouvelle fois compliquées sur ce point, les pays développés espèrent obtenir qu’un plan de deux ans pour financer le mécanisme de Varsovie soit acté à Bonn.
Financer l’action climatique
Le financement de l’action climatique coute cher. À Paris, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour l’accompagner. Les différents fonds de l’ONU et prévus par l’Accord de Paris sont encore loin d’atteindre ce montant, qui s’avèrera en lui même assez court pour financer les engagements des pays développés. Là encore, la comptabilité et les projets à financer en priorité divergent entre pays développés et en développement.
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