La salle est bondée. Journalistes, avocats et familles des détenus ont afflué en nombre. Le juge procède à l’appel des 32 accusés du groupe. L’ambiance est tendue et des voix de la défense s’élèvent pour demander à ce qu’on leur octroie l’espace suffisant, vu le nombre élevé d’avocats venus défendre la cause des détenus. Dans le brouhaha de la salle, le juge lève l’audience une première fois, vers 10h45.
La séance reprend quelques minutes plus tard. Le juge continue à appeler les détenus, et au bout de quelques noms, Nasser Zafzafi est appelé à se présenter. Le leader du Hirak s’avance, doigts en V en direction de l’audience qui répond de la même manière et crie « la mort et pas l’humiliation », improvisant un mini sit-in du Hirak à l’intérieur de la salle d’audience.
De vifs échanges éclatent ensuite lorsque le comité de défense demande à ce que la totalité des détenus soit physiquement présentée devant le juge, et ce « conformément à l’article 423 du code de procédure pénale ».
Une demande rejetée par le juge, qui n’en retient que 12 – dont Nasser Zafzafi -, et renvoie le reste dans un box des accusés toujours teinté. Le substitut procureur du roi appuie la décision du juge se référant à l’alinéa 2 de l’article 426 du Code de procédure pénale en vertu duquel « chaque détenu doit être accompagné d’un surveillant pour l’empêcher d’une éventuelle fuite ». Un texte dont l’application est difficile en raison du « manque de personnel et d’infrastructures« .
Les avocats n’abandonnent pas pour autant et enchaînent les requêtes alors que le juge campe sur sa décision. La séance est de nouveau levée à 11h50. À ce moment-là, Nasser Zafzafi crie: « l’intérêt de la nation est au-dessus de tout« . Il est suivi par une bonne partie de l’assistance. Pendant ce temps, les avocats Abderrahim Jamai, Mohamed Aghannaj et Abdelaziz Nouidi se dirigent vers le bureau du président de la cour pour contester la décision du juge.
Un compromis est finalement trouvé près d’une heure plus tard et l’audience reprend. Les 32 prévenus sont désormais présents dans la salle. Alors que l’audience redémarre pour la troisième fois, une nouvelle source de conflit est au cœur des discussions entre la défense et la partie civile sur la définition de l’ « État ».
L’avocat Abdelkabir Tabih, qui représente la partie civile, explique que l’État est défini par l’article 19 du Statut général de la fonction publique qui dispose que « l’administration est tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, attaques, outrages ou diffamations dont ils peuvent être objet à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions« .
À l’issue du débat sur cette question, le juge fixe la prochaine audience au 31 octobre. Une annonce qui provoque des contestations du Comité de défense qui a réclamé un délai de trois semaines pour « préparer convenablement l’étude des dossiers et les rencontres avec leurs clients« .
Le ministère public s’oppose à cette demande affirmant que la défense a accès aux dossiers depuis le 2 juin dernier. Avant de clore la session, le juge annonce également qu’il statuera le 26 octobre sur la demande formulée par le substitut du procureur de joindre les dossiers de Nasser Zafzafi, Nabil Ahamjik et du journaliste Hamid El Mahdaoui.
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