« Aucun remaniement ministériel, à échelle réduite ou large, n’est à l’ordre du jour« , a répondu Saad Eddine El Othmani, alors que les rumeurs se sont multipliées suite au discours royal très critique lors de l’ouverture de la session d’automne du parlement le 13 octobre.
Intervenant à l’occasion du Forum de la MAP ce mardi 17 octobre à Rabat, le chef du gouvernement a également répondu à l’appel lancé par Mohammed VI pour la mise en place d’un nouveau modèle de développement.
Il a ainsi annoncé que la commission chargée de trouver des solutions aux lacunes du modèle de développement marocain entamera ses travaux « à partir de la semaine prochaine« . Pour Saad Eddine El Othmani, le modèle de développement actuel du Royaume « ne garantit qu’une croissance modeste et non durable, ne parvient pas endiguer le chômage et n’assure pas le développement de l’ensemble du territoire« .
Les solutions du gouvernement
Pour pallier ces défauts, le chef du gouvernement affirme que l’Exécutif planchera sur trois mesures clés. La première est un renforcement du soutien accordé aux petites et moyennes entreprises (PME), pour encourager l’investissement et l’emploi. Le chef du gouvernement n’a pas donné plus de précisions à ce sujet.
La deuxième mesure suggérée par El Othmani est la lutte contre la corruption dans l’administration publique qu’il décrit comme un « mal chronique« . Pour le chef du gouvernement, la lutte contre ce fléau passe par la simplification des procédures administratives à travers notamment l’accélération du « chantier de la numérisation« .
El Othmani a également rappelé qu’un décret relatif à la commission de lutte contre la corruption a été validé au mois de juillet dernier dans le but d’appliquer la stratégie nationale de lutte contre ce fléau et « renforcer la transparence« .
La dernière mesure prônée par El Othmani est le renforcement des secteurs de l’enseignement et de la santé. Selon le chef du gouvernement, le recrutement de 24.000 nouveaux enseignants ainsi que la volonté de créer 4.000 postes budgétaires dans le secteur de la Santé, contre 1.500 dans le précédent gouvernement, figurent parmi les réformes entamées.
Le chef du gouvernement a également annoncé la création d’une autre commission chargée de la modernisation des lois. Cette dernière aura pour but de mettre à jour certains textes obsolètes. « Le tiers des lois promulguées durant le Protectorat sont restées inchangées« , explique El Othmani.
Interrogé sur l’annonce de la création d’un ministère délégué chargé des Affaires africaines, le chef du gouvernement est resté vague, se contentant de rappeler qu’il s’agissait d’une « décision du roi« .
Évoquant l’action de son gouvernement de manière générale, El Othmani a affirmé que son équipe opère dans « une logique de renforcement de la confiance dans les institutions et le futur« .
S’il se dit prêt à accepter une critique « objective, sérieuse et constructive« , El Othmani assure par ailleurs que « ce gouvernement réussira à atteindre ses objectifs initiaux« , et réclame de « l’indulgence » vis-à-vis de son équipe qui a protégé de « nombreux acquis[…] politiques, économiques, sociaux et dans le domaine de la sécurité« .
L’interrogation Benkirane
À l’occasion de son passage au forum de la MAP, Saad Eddine El Othmani a également été interrogé sur la question des retraites parlementaires après la suspension, début octobre, du versement des pensions de retraite des ex-députés en raison de la faillite de la Caisse nationale de retraite et d’assurance.
Le chef du gouvernement s’est dégagé de toute responsabilité déclarant qu’il s’agissait d’une « affaire propre au parlement« . « Le président de la première chambre nous a envoyé une correspondance, mais nous n’avons pas à intervenir« , a-t-il déclaré, affirmant que « le groupe parlementaire du PJD est en faveur de la suppression » de cette retraite.
Évoquant son parti et l’éventualité d’un troisième mandat d’Abdelilah Benkirane à sa tête, El Othmani s’est montré peu loquace. « Je ne suis pas au courant du fait qu’il souhaite rempiler pour un troisième mandat. Il faudrait lui demander. Mais cela n’affecte pas la poursuite du travail gouvernemental qui est d’ailleurs une décision du parti « .
Pour rappel, la commission de la réglementation et des procédures du parti à la lampe s’est prononcée en faveur d’un amendement de l’article 16 du règlement intérieur du PJD fixant le nombre de mandats que peut obtenir un secrétaire général du parti.
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