Lors d’un vote intermédiaire en début d’après-midi, les 58 membres du Conseil exécutif de l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, ont préféréAudrey Azoulay à l’Egyptienne Moushira Khattab, par 31 voix contre 25 (deux votes blancs). La candidate français va donc affronter le Qatari Hamad bin Abdoulaziz Al-Kawari à l’ultime tour de scrutin.
Dans la foulée, l’Egypte a officiellement apporté son soutien à la candidate française. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry, présent à Paris, « incite tous ses amis à voter pour la France« , a déclaré à l’AFP un membre de la campagne de la candidate égyptienne.
Ex-aequo
Audrey Azoulay et Moushira Khattab étaient arrivées ex-aequo jeudi soir, avec 18 suffrages chacune, derrière le candidat du Qatar (22 voix) qui a fait la course en tête depuis le début de processus de sélection lundi, malgré les fortes rivalités avec plusieurs pays arabes qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha.
Ce scénario inédit avait contraint l’Unesco, dont le siège est à Paris, à organiser une sorte de vote intermédiaire pour départager les deux candidates face au qatari, ancien ministre de la culture et conseiller au palais royal depuis 2016. De vieux soupçons d’antisémitisme ont récemment resurgi sur lui, relayés par le Centre Simon Wiesenthal Europe et l’Anti-Defamation Ligue (ADL) aux Etats-Unis.
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L’Unesco fragilisée
En coulisses, la bataille fait rage pour savoir qui prendra le leadership d’une organisation déjà fragilisée par ses dissensions et ses difficultés économiques, et à laquelle les Etats-Unis et Israël ont porté « un coup dur » avec l’annonce jeudi de leur départ, selon la directrice générale sortante de l’organisation, la Bulgare Irina Bokova. Sans attendre le résultat de l’élection, Washington et Tel Aviv ont voulu ainsi exprimer leur exaspération face à une organisation qu’ils accusent d’être anti-israélienne. Mais Washington n’a pas non plus caché que sa décision était liée à « ses inquiétudes concernant l’accumulation des arriérés à l’Unesco » au budget de laquelle les Etats-Unis ont suspendu leur contribution financière régulière il y a six ans. C’est l’admission en 2011 de la Palestine au sein de l’Unesco qui avait entraîné cette interruption des paiements de la part d’Israël et des Etats-Unis, des montants qui représentent près du quart du budget de l’agence.
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Dès avant l’annonce de jeudi, François Chaubet, un professeur français d’histoire contemporaine, estimait d’ailleurs qu' »un des enjeux » de l’élection serait de « ramener les Etats-Unis dans les contributeurs« . Partis une première fois en 1984, ils étaient revenus en 2002. « Pour honorer ses slogans nationalistes, Trump a choisi de faire le sacrifice de l’Unesco, c’était la décision qui coûtait le moins cher…« , a commenté l’historien français Bertrand Badie. « Si Donald Trump était partisan des institutions multilatérales, cela se saurait« , a pour sa part relevé François Heisbourg, conseiller spécial de la Fondation de la recherche stratégique.
La décision américaine a néanmoins été une « triste nouvelle » ou un motif de « regret« , voire de « déception« , à Paris, à Moscou, dans les instances dirigeantes de l’ONU et de l’Unesco, mais aussi dans les milieux culturels et universitaires américains. Pour Mme Bokova, « c’est l’universalité de l’organisation qui est en jeu« . Et le multilatéralisme dans l’ADN de l’organisation, ajoute-t-on de sources diplomatiques.
Vendredi, Berlin a appelé de ses voeux à « une Unesco forte« . Mais le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a également rappelé que le gouvernement allemand « critiquait aussi depuis quelque temps la politisation (du) travail très important » effectué par l’Unesco « par certains membres ». « Nous mettons tous nos espoirs dans le ou la futur(e) secrétaire général(e) et attendons que cette nouvelle personne à la tête mène les réformes de l’organisation« , a-t-il ajouté.
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