Le Polisario aurait-il mis en péril son avenir diplomatique dans l’aéroport de Lima ? C’est la question à laquelle tente de répondre l’agence de presse espagnole dans un article publié le 26 septembre où EFE revient l’arrestation de Khadija El Mokhtar, ambassadrice itinérante du Polisario à l’aéroport de Lima le 9 septembre.
Résidant à Madrid et bénéficiant de la nationalité espagnole, c’est avec le passeport du royaume ibérique que la diplomate s’était rendue au Pérou. Sauf que celle-ci n’a pas pu franchir la frontière péruvienne, car lors de son dernier séjour dans ce pays d’Amérique latine, elle s’était engagée dans « diverses activités politiques » selon le ministère péruvien de l’Intérieur, alors qu’elle n’est supposée voyager que comme touriste. L’ambassadrice itinérante du Polisario s’est vue offrir un vol retour gratuit pour Madrid qu’elle a refusé avant de se voir accorder l’entrée sur le territoire à condition qu’elle n’effectue que des « activités touristiques ». En tant qu’ambassadrice itinérante, la fonction d’El Mokhtar est de défendre la cause du Polisario auprès de journalistes et de différents groupes politiques.
Si la diplomate a dû utiliser son passeport espagnol pour se rendre à Lima c’est parce que son passeport diplomatique labellisé RASD n’est valable que dans les pays reconnaissant le Polisario comme le Mexique, l’Uruguay ou encore le Panama. Pour EFE, cette « bataille de l’aéroport » pourrait faire figure de référence et influer sur les pays d’Afrique et d’Amérique latine, des régions où le Polisario compte la majorité de ses soutiens.
Realpolitik
Cette « bataille de l’aéroport » a également révélé l’impact de l’offensive diplomatique menée par le Maroc en Amérique latine. Car si le Polisario peut s’appuyer sur des groupes de soutien en Amérique latine, le royaume, qui « avait du retard dans le domaine du lobbying », a su mettre en avant ses arguments concernant sa souveraineté sur le Sahara. Selon des diplomates latino-américains basés à Rabat, la diplomatie marocaine a été prise « plus au sérieux » durant ces dernières années.
Le royaume peut également s’appuyer sur des campagnes de communication menées auprès de parlementaires et autres institutions latino-américaines. Dernier exemple en date, le weekend passé à Marrakech et Dakhla par Rolando Réategui et Juan Carlos del Aguila, deux membres du congrès péruvien, en mars dernier selon EFE. Un voyage durant lequel, les deux politiques ont été sensibilisés aux arguments du Maroc. C’est d’ailleurs Réategui, président du groupe d’amitié Pérou-Maroc, qui a été l’un des plus farouches opposants à l’entrée d’El Mokhtar au Pérou. Pour EFE, le royaume a investi sur les partis de droite latino-américains plus sensibles à la « realpolitik » du royaume contrairement à la gauche. L’agence de presse constate également que le royaume a su mettre les pieds dans des pays traditionnellement acquis à la cause du Polisario comme en témoigne le récent rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba.
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