Jusqu’ici, les femmes n’étaient pas admises dans les stades en application de la règle de séparation entre les sexes dans les espaces publics. « Nous espérons qu’à l’avenir, il n’y aura plus de restriction à notre entrée au stade« , a confié à l’AFP Oum Abdoulrahmane, vêtue de la traditionnelle abaya noire, avant d’entrer dans le stade Roi-Fahd pour assister à un spectacle sur l’histoire du pays. « La femme doit avoir le droit d’entrer partout où elle veut, à l’instar des hommes« , a-t-elle ajouté.
En Arabie saoudite, les femmes n’ont pas le droit de conduire et sont soumises à la tutelle d’un homme de leur famille –généralement le père, le mari ou le frère– pour faire des études ou voyager. Mais dans le cadre de son ambitieux plan de réformes économiques et sociales à l’horizon 2030, Ryad semble assouplir certaines de ces restrictions et tente prudemment de promouvoir des formes de divertissement malgré l’opposition des ultraconservateurs.
« Ça fait 15 ans que je viens seul au stade. Je suis très content de voir que les femmes ont désormais le droit de participer« , a expliqué à l’AFP Hasan, un Saoudien portant une écharpe ornée d’une photo du roi Salmane. Sur les réseaux sociaux, très populaires en Arabie saoudite, certains ont qualifié le moment d' »historique« . « Il semblerait que les femmes ont acheté tous les tickets!« , a ironisé un internaute sur Twitter.
Samedi, pour célébrer la 87e fête nationale du royaume, les bâtiments emblématiques de la capitale étaient illuminés de la couleur nationale, le vert, une myriade de concerts étaient programmés et des feux d’artifice prévus. Dans les rues de Ryad, des hauts-parleurs vibraient au son de chants patriotiques et des automobilistes défilaient en arborant le drapeau national. « En cette grande occasion, nous sentons que le royaume est devenu un Etat important avec un rôle de pionnier tant au niveau régional qu’international« , a affirmé lors d’un discours le prince héritier Mohammed ben Salmane, cité par l’agence officielle SPA.
Ces démonstrations de patriotisme interviennent au moment où le royaume est plongé dans une crise sans précédent avec un pays voisin du Golfe, le Qatar, qu’il accuse notamment de se rapprocher de son grand rival régional, l’Iran. Ryad est aussi embourbé dans une guerre au Yémen où il intervient depuis 2015.
Le prince héritier de 32 ans, connu sous l’acronyme « MBS », sera amené à monter sur le trône dans un pays où la moitié de la population a moins de 25 ans, bien que le moment de son ascension reste inconnu. Déjà considéré comme « l’homme fort » du royaume contrôlant les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l’économie, MBS donne l’impression de vouloir éliminer toute trace de dissidence avant un éventuel transfert du pouvoir de son père, âgé de 81 ans.
Les autorités ont arrêté ce mois-ci une vingtaine de personnes, dont des prédicateurs influents et des intellectuels, dans le cadre d’une « campagne coordonnée« , selon des militants. Des analystes affirment que nombre de ces dissidents critiquaient la politique étrangère musclée de MBS, comme le boycott du Qatar, ainsi que certaines réformes comme la privatisation d’entreprises publiques et la réduction des subventions de l’Etat.
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