Ouverture du sommet Women In Africa : "passer du potentiel à l'action"

Le sommet Woman In Africa s'est ouvert le 25 septembre à Marrakech. Une première édition du forum regroupant près de 400 participants venant de 41 pays, qui nourrit de grandes ambitions pour l'Afrique.

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Aude de Thuin, l’entrepreneuse française spécialiste des sujets économiques et de genre, s’est exprimée tout en émotion et sincérité à l’ouverture du Women In Africa dont elle est l’initiatrice : « Organiser ce forum a été difficile, on m’a demandé de ne pas le dire, mais je ne dois pas vous le cacher. Parce que je suis une femme blanche et que j’ai créé le club Woman In Africa. Je l’ai fait pour les femmes du monde entier pas seulement pour les femmes africaines. Je voudrais vous dire, mes sœurs noires, que je suis blanche, mais que j’ai le cœur noir« .

Le forum, qui se tient au Beldi Country Club de Marrakech, vise à « investir pour une meilleure gouvernance avec les femmes africaines », et prévoit de travailler dès demain sur sept  thématiques qui sont les « grands projets du 21e siècle » selon Aude de Thuin : l’éducation, l’entrepreneuriat, l’énergie, l’agriculture, l’eau, la finance et la nutrition. Sept « lab », élaborés en collaboration avec le cabinet international Deloitte, qui est partenaire du forum au même titre que le Cabinet Rolland Berger, DS Avocat, Orange, L’Oréal et Engie. A l’issue des travaux de ces groupes de travail interdits à la presse, mercredi 27 septembre « nous dirons les engagements que nous avons pris et nous irons porter cela aux Nations unies, à la Commission européenne et aux différents gouvernements d’Afrique« , prévient Aude de Thuin.

« Les femmes africaines doivent être audacieuses »

Pour l’heure, cette journée inaugurale a été l’occasion de nombreuses prises de paroles en forme de bilan sur l’urgence de « préparer un nouveau monde« , dans lequel les femmes partageraient équitablement l’espace économique et la gouvernance publique avec les hommes. « Nous cherchons, non pas le pouvoir, mais le partage avec les hommes, pour un monde plus solidaire et plus durable« , explique la fondatrice du WIA.

Binta Toure Ndoye, PDG d’Orabank au Mali, a appelé à « débloquer le potentiel des femmes, pour passer du potentiel à l’action« . Un souhait qu’a également formulé Nadia El Guermai, Gouverneure-coordinatrice de l’initiative nationale pour le développement humain (INDH) : « il faut arrêter quelques axes sur lesquels il faut travailler, il ne faut pas que tout ce qui est dit ne reste pas une feuille morte ».

Pour Hafida Benchahida, sénatrice algérienne, « les femmes doivent être audacieuses, elles ne doivent pas attendre après l’approbation de leur mari, de leur frère ou de leur beau-frère, elles doivent simplement oser ». 

Dans l’assistance, Patricia qui vient de Côte d’Ivoire pose une question : « si nous avions plus de femmes ministres de la Défense ou des Armées, aurions nous autant d’enfants soldats et d’enfants microbes en Afrique ? ». Une question qui résonne avec un graphique exposé aux participants montrant que les femmes en politique bénéficient d’une côte de confiance largement supérieure à celle des hommes.

Parmi les intervenantes figuraient notamment, Damilola Ogunbiyi, PDG de l’agence d’électrification rurale au Nigéria, et Naye Bathily, directrice des relations parlementaires de la Banque mondiale au Sénégal.

L’économie sociale et solidaire, réalité ancestrale et levier de développement

Lors de la matinée de pré-ouverture du sommet, qui s’est tenue à l’université Cadi Ayyad de Marrakech, c’est d’économie sociale et solidaire dont il a été question. Le ministre du Tourisme, du Transport aérien, de l’Artisanat et de l’Economie sociale, Mohamed Sajid y a fait une apparition-surprise et s’est dit ravi de participer à ce débat et a rappelé son action de député dans la région de Taroudant. « L’économie sociale en Afrique est une réalité ancestrale dont il faut aujourd’hui faciliter les démarches pour que les femmes puissent avoir des perspectives de meilleure intégration dans le modèle économique de notre pays. A travers l’économie sociale et solidaire, nous avons un véritable levier de développement.« , a-t-il estimé.

Nadia El Guermai, Gouverneure-coordinatrice de l’initiative nationale pour le développement humain (INDH), a quant à elle rappelé les conventions de partenariat signées avec 12 pays africains. Pour elle, l’inclusion sociale doit nécessairement passer par la scolarité de la fille rurale, évoquant utilement les maisons de l’étudiante qui permettent aux filles qui habitent trop loin de leur école d’avoir un logement.

C’est également sur la ruralité qu’a insisté la sociologue Soumaya Guessous, intervenant dans l’assistance : « Les femmes rurales sont les plus marginalisées. Quand la femme rurale touche 200 dirhams par mois, elle maintient ses filles en scolarité, ce qui leur permet de s’insérer et d’éviter les mariages forcés. Les salles de sport sont également importantes, ainsi les femmes s’approprient leur corps, qui n’est plus seulement une machine à reproduire au service de la famille ».

Le travail dans les « labs » prévu le 26 septembre et restitué mercredi 27 septembre nous dira si le Woman Africa Forum transformera l’essai.

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