Aucune étude complémentaire sur le passage au régime de change flexible n’a été demandée par le gouvernement. C’est la révélation faite par le gouverneur de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, lors d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al Maghrib, ce mardi 26 septembre. Un rendez-vous tant attendu par la presse, car il s’agit de la première sortie officielle de Abdellatif Jouahri depuis le report in extremis de la réforme de changes qui était prévue début juillet dernier. Quand le Wali de la banque centrale a terminé sa traditionnelle présentation et a donné la parole au parterre de journalistes présents, toutes les questions ou presque ont concerné la flexibilisation de changes. Jouahri a tenté de répondre aux interrogations, expliquer sa position et celle de l’institution qu’il dirige sans pour autant dévier des éléments de langage officiels.
Lors de son passage télévisé le 1er juillet, le Chef du gouvernement avait affirmé que la réforme était reportée en raison de la nécessité de mener quelques études complémentaires. « Je sais que Bank Al Maghrib a annoncé une date pour la réforme, mais nous avons remarqué qu’il fallait une nouvelle étude pour connaître l’impact sur certains aspects », avait-il déclaré. Dans son habituelle franchise, Jouahri a tout nié en bloc. « Je ne vais pas démentir le chef du gouvernement, mais à aujourd’hui on nous a demandé aucune étude complémentaire. Néanmoins, nous sommes disposés à mener ces études en cas de future demande », affirme-t-il.
Le gouverneur de BAM a également annoncé que « le problème [pour parler du report] sera certainement évoqué lors des réunions qui se tiendront dans quelques jours à Washington avec le FMI ». « Il faudra donner des explications. J’espère que le ministre des Finances sera là car il faut leur dire, comme aux agences de notation, que ce nous comptons faire ».
Le gouverneur de la Banque centrale a également profité de son intervention devant la presse pour défendre la réforme assurant qu’elle a pour objectif de « soutenir la compétitivité » de l’économie marocaine et de la prémunir des chocs extérieurs. « Si on ne fait pas ces réformes aujourd’hui quand est-ce qu’on les fera ? », s’interroge-t-il tout en confiant qu’il préfère rester positif et passer outre les invectives. Pour lui, le report de la réforme lui « semble positif s’il permet à l’Exécutif de mieux apprécier cette réforme qui durera plusieurs années ». « Je préfère un gouvernement qui prend sur lui le temps d’apprécier la réforme et l’adopter pour la mener de bout en bout », a-t-il indiqué.
Questionné par Telquel.ma sur la demande d’intégration du Maroc à la CEDEAO et leur projet de monnaie unique, le gouverneur de Bank Al Maghrib a déclaré que « ce n’était pas aussi simple qu’on le pense ». “Pour faire une monnaie unique, il faut se réveiller tôt”, lâche-t-il. Et d’ajouter, « il y a des conditions économiques et monétaires, mais il y a aussi la politique. La monnaie est un signe de souveraineté et si vous acceptez la monnaie unique vous renoncez à cet aspect de souveraineté ».
Devant les médias, Abdelattif Jouahri s’est également exprimé sur les indicateurs économiques locaux. Il a annoncé que le taux directeur a été maintenu à 2,25 % par la banque centrale. S’agissant de la prévision de croissance, elle devrait atteindre 4,3 % selon BAM qui précise que le taux d’inflation à l’issue de l’année en cours atteindra 0,6 % sous l’effet du repli des matières premières alimentaires.
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