HCP: 4 Marocaines sur 10 ont été victimes de violence dans les villes

Le HCP vient de dévoiler les conclusions de son enquête nationale sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes (ENPVEF) réalisée en 2009.

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La violence à l’égard des femmes, qui est déjà “une épidémie dans toutes les sociétés, sans exception”, augmente en période de confinement. Crédit: DR

« Les femmes ne sont pas toujours en sécurité dans les espaces publics, plus particulièrement dans les villes, et ne peuvent pas jouir, au même titre que les hommes, de ces lieux en raison des violences de toutes les formes perpétrées à leur égard« , relève le Haut-commissariat au Plan (HCP) dans une note d’information publiée ce lundi.

Le document revient sur les principales conclusions de l’enquête nationale sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes (ENPVEF) réalisée en 2009, et s’attarde principalement sur le cas des femmes en milieu urbain.

La violence psychologique, cauchemar des citadines

La même source révèle que 40,6% des femmes vivant en milieu urbain « ont été victimes au moins une fois d’un acte de violence, sous une  forme ou une  autre, dans un espace public de leur ville durant les douze mois précédant l’enquête« .

Le HCP relève à ce niveau que plus d’une femme sur trois en milieu urbain a subi de la violence psychologique (32,1%) qui est définie comme « tout acte qui consiste à dominer ou à isoler une femme, ainsi qu’à l’humilier ou à la mettre mal à l’aise« .  Les cas de violence physique concernent 14,2% des citadines.

D’après la note d’information du Haut-commissariat au plan, « bien que les diverses formes de violence à l’égard des femmes soient une réalité ancienne, la présence des femmes dans les espaces publics évoque obligatoirement la question de la violence et plus particulièrement celle du harcèlement sexuel« .

A ce propos, 4,5% des femmes en milieu urbain sont victimes d’atteintes à leurs libertés individuelles, et 3,9% subissent des agressions sexuelles.

Les femmes mariées relativement épargnées

La prévalence des violences à l’égard des femmes en milieu urbain est la plus élevée dans la tranche d’âge de 18 à 24 ans (58,3%). Pour cette catégorie, la violence psychologique affiche un taux de prévalence de 51,1% contre 18,2% pour la violence physique, et 8,8% pour les violences sexuelles.

« Être mariée semble un facteur modérateur, mais qui ne préserve pas les femmes des violences dans les espaces publics. Le taux de prévalence a atteint 33,4% parmi les femmes mariées contre 46,3% parmi les divorcées et 66,3% parmi les célibataires. Les femmes veuves sont touchées par la violence dans les espaces publics urbains à hauteur de 27% probablement en raison de leur âge« , relève encore le HCP.

Par ailleurs, la note d’information du HCP révèle que le taux de prévalence de la violence croît proportionnellement au niveau d’instruction des femmes. « Il varie ainsi de 29% parmi celles n’ayant aucun niveau d’instruction, à 40,6% parmi celles ayant le niveau de l’enseignement primaire et à 57,9% parmi celles ayant un niveau d’’enseignement supérieur« , lit-on. Un chiffre qui peut s’expliquer par le fait qu’une femme plus instruite est plus apte à saisir les différents recours existant lorsqu’elle est victime de violence.

La jellaba expose moins

D’après l’enquête, les femmes au chômage sont les plus exposées au fléau de la violence. Il concerne deux femmes sur trois dans cette situation en milieu urbain, contre 54,5% chez les femmes exerçant une activité.

Si l’argument de la tenue vestimentaire est régulièrement utilisé pour justifier les agressions subies par les femmes dans les lieux publics, les conclusions de l’enquête du HCP confortent cet argumentaire. Ainsi, « les femmes qui, en dehors de leur foyer, portent souvent des tenues modernes courtes rapportent plus d’actes de violence commis à leur encontre dans ces espaces. Pour cette catégorie, le taux de prévalence, en milieu urbain, culmine à 75,5% pour descendre à 61% parmi celles qui portent souvent des tenues modernes longues, mais sans voile, à près de 34% parmi celles qui portent des Djellabas ou équivalents« .

Le cas récent de la violente agression sexuelle subie par la jeune Zineb dans un bus à Casablanca illustre une autre réalité mise en lumière par l’enquête du HCP: les personnes en situation de handicap ne sont pas spécialement épargnées. « Le taux de prévalence de la violence dans les lieux publics urbains parmi les femmes qui ne présentent aucun handicap ne dépasse que de 6 points celui enregistré parmi celles qui présentent un handicap« , rapporte le Haut-commissariat au plan.

Les personnes handicapées sont davantage exposées au harcèlement sans attouchement (prévalence de 26,7%). Les insultes et les dénigrements et le vol d’objets personnels avec usage de la force (11,6%), les agressions physiques (1,8%), et les agressions avec un objet contondant ou dangereux (1,5%).

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