Au lendemain de l’agression sexuelle de la jeune Zineb en plein jour dans un bus de la société M’dina Bus, cette dernière appelle une nouvelle fois à la mise en place d’une police des transports, une revendication qu’elle porte depuis plusieurs années. En Suisse, au Royaume-Uni et en France, notamment, de tels services de sécurité sont déjà mis en place.
S’il existe déjà une police ferroviaire qui opère dans les gares et les trains de l’ONCF, il n’y a pas d’équivalent au niveau des transports urbains et notamment dans les bus des grandes villes. Par ailleurs, aucun bilan officiel de la police ferroviaire n’est accessible sur Internet.
En France, des policiers dans les trains, mais toujours beaucoup d’agressions
C’est à la suite des agressions graves perpétrées par une bande de jeunes au cours d’un trajet en train entre Nice et Lyon le 1er janvier 2006 que le service national de la police ferroviaire (SNPF) a été créé. Les malfrats avaient notamment dépouillé nombreux passagers, et tenté de mettre le feu aux banquettes.
Placé sous l’autorité du directeur central de la police aux frontières, « ce service a été organisé afin de pallier l’éparpillement des forces chargées de la sécurité des réseaux ferrés et leur déficit de coordination opérationnelle« , résume Patrice Bonhaume, sous-directeur chargé du SNPF à la direction centrale de la police aux frontières, sur le site du ministère français de l’Intérieur.
À l’échelon régional, il existe une autre police des transports, dédiée au réseau de transports en commun en région parisienne. Rattachée à la préfecture de police, la sous-direction régionale de la police des transports comprend 1.250 policiers qui « sécurisent les réseaux du métro et du RER et les gares, viennent en aide au personnel lors des agressions et effectuent même un travail de brigade anticriminalité en civil ».
Pourtant, selon une enquête publiée par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) concernant l’année 2015, 42,3% des personnes interrogées ressentent de la peur dans les transports en commun, et essentiellement les femmes (56,3%, contre seulement 26,7% des hommes). Des chiffres corrélés avec ceux des agressions, puisque 37% des vols sans violence et surtout 39% des agressions sexuelles contre des femmes sont commis dans les transports en commun et dans les gares.
En Suisse, des policiers des transports équipés de « bodycams »
La police des transports helvétique est déployée dans « les gares et les moyens de transport des entreprises de transport les plus diverses« , avec 190 agents pour toutes les régions de Suisse. Elle « collabore étroitement avec le personnel des trains et d’autres corps de police« , et fonctionne selon un « dispositif d’engagement flexible qui permet aux policiers de se déplacer rapidement sur les lieux d’intervention« .
Récemment, un projet pilote de « bodycams », ou caméras-piétons, a été mis en place. Utilisées à titre préventif lors de l’interpellation et du contrôle de personnes dans les lieux publics dans les situations à risques, elles servent à « consigner les exactions verbales ou les actes de violence à l’encontre de membres de la police« . Des policiers visiblement très à la pointe pour assurer leur propre sécurité, comme en témoigne également l’image d’illustration du site de la SBB CFF.
Au Royaume-Uni, envoyez un texto à la police des transports
La « police Britain’s railways » comprend plus de 5.000 agents, répartis dans divers services. Avec cette police 2.0, les usagers des transports en commun sont incités à envoyer des SMS aux agents s’ils sont victimes ou témoins d’une agression. À en croire les chiffres officiels diffusés sur le site de la police des transports, les résultats sont encourageants, puisque 1.269 « life-saving intervention » (interventions ayant sauvé la vie des usagers) ont été réalisées en 2015-2016.
À Alger, bientôt une police dédiée aux transports?
Une police dédiée aux transports verrait bientôt le jour à Alger, selon une information relayée par nos confrères du Huffpost Maghreb en janvier dernier. C’est la direction de la sûreté publique qui a annoncé la mise en place d’un groupement de police des transports (GPT) qui devra sécuriser et contrôler les moyens de transport public de la capitale.
Depuis 2011, une unité formée spécifiquement aux transports patrouille déjà au niveau du métro et du tramway d’Alger. Elle a « acquis une expérience sur le terrain qui lui permet d’être aujourd’hui un groupement de police des transports, placé sous l’autorité de la sûreté publique« , a indiqué le commissaire principal Mohamed Filali. Le groupement englobera tous les transports urbains publics (bus, métro, tramway, téléphérique) et supervisera 400 policiers. La date effective de mise en place n’est pas connue.
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