Mustapha Ramid aux jeunes du PJD: "Si vous pensez qu'on vit dans l'injustice, faites donc la révolution!"

Tancé par les jeunes de son parti, Mustapha Ramid a dû s'expliquer sur sa responsabilité en tant que membre du gouvernement sur les dossiers du Hirak et des droits de l'Homme.

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Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des libertés
Mustapha Ramid. Crédit: DR

Au cours d’une conférence houleuse sur le Hirak et la situation des droits de l’Homme, tenue le 8 août en marge du 13e meeting de la jeunesse à Fès, Mustapha Ramid, ministre d’État chargé des droits de l’Homme, est sorti de ses gonds. Face aux questions critiques de la chabiba du parti de la lampe, le ministre, visiblement agacé, a quitté la scène un moment. Mustapha Ramid est ensuite revenu pour répondre point par point aux critiques formulées par l’assistance.

À ceux qui l’accusent d’avoir pris goût au pouvoir, Ramid rétorque: « j’ai présenté ma démission trois fois (sous Benkirane, NDLR) (…) Je n’ai aucun intérêt à être dans le gouvernement, si ce n’est pour vous représenter« . L’ancien ministre de la Justice affirme également qu’il n’a pas voulu intégrer l’équipe de Saad Eddine El Othmani. « Au moment de la formation du gouvernement, je ne voulais pas en faire partie. C’est Benkirane qui m’y a obligé en tant que secrétaire général du parti. Le chef du gouvernement l’a soutenu, puis le roi a eu son mot à dire« .

À ceux qui demandaient pourquoi la dégradation de la situation dans le Rif n’avait pas conduit à la démission des ministres PJD, Ramid a rappelé que « le roi a tancé vertement les ministres. Une enquête a été diligentée et les ministres sont privés de vacances. Des milliards sont investis dans cette région, le gouvernement s’y est engagé« . « Que voulez-vous de plus? Laissez au gouvernement la possibilité de faire son travail! », a-t-il ensuite lancé. Remarquant que sa réponse avait suscité des tensions au sein de l’auditoire, Ramid a ensuite assené « que celui qui a le courage de monter sur scène pour s’exprimer le fasse ».

S’il reconnait « des dérives » dans la gestion du Hirak par les autorités à qui on reproche notamment « l’approche sécuritaire« , Ramid a également relevé que les manifestants n’étaient pas toujours irréprochables, et que les actions des policiers n’étaient pas toujours répréhensibles. « Est-ce que l’ensemble des représentants des forces de l’ordre répriment les manifestants?« , a-t-il interrogé.

Face à l’instance des  membres de la chabiba sur la gestion de la situation dans le Rif, Mustapha Ramid s’emporte. « Si vous pensez qu’on vit dans l’injustice, la répression, l’oppression et la dictature, pourquoi êtes-vous là aujourd’hui? Faites donc la révolution! Vous ne devriez pas discuter avec le ministre des Droits de l’Homme! Allez jeter des pierres« .

Interrogé sur les mutations et licenciements de certains fonctionnaires affiliés à Al Adl Wal Ihssan, Ramid explique: « je le dis publiquement, je suis contre et je ne peux le cautionner. Quand j’ai interpellé le ministre de l’Éducation à leur sujet, il m’a expliqué que les personnes affiliées à la Jamâa ont été démises de leur fonction pour faute professionnelle et ils ne sont pas les seuls « .

Mustapha Ramid a été aussi critiqué  pour avoir cosigné un communiqué de l’ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, annonçant l’ouverture d’une enquête sur les internautes qui se sont félicités de l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara, Andrei Karlov. 

Huit jeunes du PJD ont été alors condamnés pour apologie du terrorisme puis graciés le 29 juillet par le roi. « Je les ai défendus férocement« ., affirme le ministre. « Certains savent qui a convaincu Saad Eddine El Othmani de les défendre pour obtenir la grâce« , poursuit-il. Démarrée sous haute tension, la rencontre entre Ramid et la chabiba du PJD s’est terminée toutefois sur une note d’apaisement: « je suis fière de vous et allah ysameh« , a-t-il lancé à l’assistance.

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