C’était il y a sept ans jour pour jour. Le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait une résolution érigeant l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme droit fondamental. 122 voix pour, dont celle du Maroc, et 41 abstentions. Sept ans plus tard, l’accès à l’eau potable demeure un débat au Maroc.
Le 25 juillet, le chef de gouvernement Saad-Eddine El Othmani reconnaissait au parlement les « grands problèmes » auxquels le pays est confronté en matière de disponibilité de l’eau potable. Dernièrement, plusieurs localités rurales ont exprimé leur mécontentement concernant notamment la qualité de l’eau courante, les tarifs pratiqués, mais aussi l’accès à l’eau potable en général.
« Ces protestations sont aussi liées au retard qu’accusent certains projets de branchements, à cause de complications sur le terrain« , expliquait la secrétaire d’État chargée de l’eau à Telquel.ma le 25 juillet.
À Khenifra, les habitants ont manifesté contre les difficultés d’accès à l’eau potable signalant notamment que « l’eau du robinet est salée et amère » selon Alyaoum24. À Aghbala, dans la région de Beni Mellal, c’est l’addition pour pouvoir être raccordé au réseau d’eau potable que les habitants trouvent salée: 3.700 dirhams par foyer.
Des dizaines d’entre eux sont descendus dans les rues du douar le 25 juillet pour protester contre cette tarification. « C’était d’abord une marche purement pacifique, mais lorsqu’ils ont été confrontés à la gendarmerie et aux forces auxiliaires qui leur ont interdit de faire un sit-in devant le siège de la commune et du service de l’ONEP (Office national de l’eau potable, NDLR), ça a débordé, » rapporte Abderrahim Majdi, référent de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Beni Mellal.
Selon la même source, des blessés sont à déplorer du côté des manifestants et des forces de l’ordre. Cinq personnes ont également été interpellées avant d’être relâchées le 27 juillet à 22 heures. Le 26 juillet, un nouveau rassemblement avait lieu dans les montagnes autour du douar.
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« C’est une région très pauvre, où les habitants vivent de ce qu’ils récoltent et des chèvres qu’ils élèvent. Ils sont surpris par cette tarification, car ce sont des gens qui n’ont pas de ressources« , décrit Abderrahim Majdi.
Contacté par Telquel.ma, le directeur régional de l’ONEP pour la zone « Centre-Khouribga« , M. Boubker, précise que « le prix réel pour un raccordement, c’est 40.000 dirhams, mais l’ONEP facture 3.700 dirhams. C’est un tarif national. À Aghbala, il s’agit de contrats signés avec les abonnés avant la réalisation des branchements, en décembre 2016. Dans le cadre de ce qu’on appelle les branchements sociaux, cette tarification peut-être étalée sur 7 ans. La première traite a été réglée avant le branchement, mais désormais ils ne veulent plus payer« .
« Nous avons de gros problèmes avec l’ONEP, mais on espère que ce sera réglé dans les jours qui viennent« , explique Ibrahim Moujahid, le président PAM de la région de Beni Mellal-Khenifra. « Aghbala c’est une chose, mais Azilal c’est pire. Les provinces de Khenifra et Azilal sont très en retard. Au total sur la région de Beni Mellal, 70 % des douars sont raccordés au réseau d’eau potable. Le pourcentage de foyers raccordés est donc inférieur, car on parle de raccordement lorsqu’il y a au moins une bonne fontaine pour un douar« , poursuit-il.
« Le 26 juillet, la région a lancé un appel d’offres public pour le raccordement d’une autre commune. C’est l’ONEP qui doit le faire normalement, mais c’est la région qui se retrouve à prendre en charge cette opération« , poursuit le président de la région. « L’ONEP intervient comme gestionnaire de service délégué à Aghbala en vertu d’une convention signée avec la commune. Sur les zones où il n’y a pas de convention, on n’intervient pas, » répond M. Boubker de l’ONEP.
C’est par Beni Mellal qu’une délégation ministérielle conduite par El Othmani a débuté le 21 juillet une « tournée régionale » qui doit les mener dans toutes les régions du Maroc pour « anticiper les entraves, coordonner les efforts des différents ministères et surtout être plus à l’écoute des citoyens et les faire participer dans la chose publique afin de répondre à leurs besoins et attentes ». Originaire de la région, le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Lahcen Daoudi, est resté à Aghbala pour le week-end.
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