Lors de son entretien télévisé du 1er juillet, Saad Eddine El Othmani s’est exprimé sur la situation à Al Hoceima ainsi que divers sujets d’actualité qui préoccupent l’opinion publique. Parmi ces sujets, la réforme du régime de change. Les observateurs qui ont suivi avec intérêt le passage télévisé du chef du gouvernement ont été surpris de l’entendre dévoiler, sans insistance ni question de la part des journalistes, que « la largeur actuelle de la bande est de 0,6%. La proposition est de passer à 5%, soit une fluctuation de plus ou moins 2,5%« . « 2,5%, ce n’est pas une grande marge. Elle n’engendrera donc pas les impacts négatifs que vous évoquez« , a-t-il ajouté.
L’information sur la largeur de la bande de fluctuation, jalousement gardée depuis des mois par le gouverneur de Bank Al Maghrib et le ministre de l’Économie et des Finances « pour éviter la spéculation », nous disait-on, a été présentée au grand public comme une donnée ordinaire. El Othmani a-t-il commis une « gaffe » en révélant ce taux ignorant sa confidentialité ou l’a-t-il délibérément dévoilé?
« Le chef du gouvernement savait très bien ce qu’il disait et avait décidé de révéler cette information pour apaiser les esprits et en finir avec les rumeurs autour de la probable dévaluation ou dépréciation du dirham », nous dévoile une source gouvernementale. Notre interlocuteur affirme que « le plus important c’est que cette déclaration ait eu un impact positif et elle assure désormais un climat de sérénité ».
Toujours selon cette source, la décision de révéler l’information au grand public a été prise par El Othmani seul, sans concertation avec le gouverneur de Bank Al Maghrib et le ministre des Finances. L’objectif était-il également de montrer que c’est bien El Othmani qui tient les commandes? Sans répondre par l’affirmative à notre question, notre source gouvernementale ne le nie pas. « Depuis avril dernier, plusieurs voix affirmaient que le gouvernement était out et ne savait pas ce qui se faisait et ne maîtrisait rien. La sortie du chef du gouvernement a mis les points sur les « i » et a prouvé à tout le monde qu’il maîtrise le sujet« , nous souffle-t-on.
D’ailleurs, d’après une des hypothèses relayées sur le report de la conférence de presse programmée puis reportée par Mohamed Boussaïd et Abdellatif Jouarhi le 29 juin, El Othmani aurait voulu prendre son temps pour étudier le dossier et appréhender tous les enjeux de la réforme du régime de change. C’est d’ailleurs ce que confirme le chef du gouvernement lors de son passage télévisé.
« J’ai rencontré le wali de Bank Al Maghrib et le ministre des Finances ici même (sa résidence officielle, NDLR) pour étudier en profondeur le sujet« , révèle-t-il. « Je sais que Bank Al Maghrib a annoncé une date pour la réforme, mais nous avons remarqué qu’il fallait une nouvelle étude pour connaître l’impact sur certains aspects« , ajoute El Othmani, en rappelant que « seul le gouvernement peut prendre une telle décision à travers le ministère des Finances« .
Le rôle de Bank Al Maghrib, pour El Othmani, consistera à « accompagner cette décision en prenant les précautions nécessaires, et à mettre en place les mécanismes d’accompagnement, le suivi et le contrôle de la bonne marche de la réforme parce qu’il a les outils pour intervenir et maintenir la valeur du dirham à l’intérieur de la bande de fluctuation« . « On ne fait pas une réforme de façon technique, il y a un contexte social à prendre en considération« , résume notre source au gouvernement.
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