Farid Chourak, 63 ans, natif de Berkane, a été nommé le 25 juin gouverneur de la province d’Al Hoceima. Son prédécesseur, Mohamed Zhar avait été muté à l’administration centrale le 28 mars, un an après sa nomination en 2015. Mohamed Faouzi, inspecteur général du ministère de l’Intérieur, assurait depuis l’intérim dans la province où le mouvement de contestation rifain manifeste depuis la mort du vendeur de poisson Mohsine Fikri le 28 octobre 2016.
Pour parfaire le contexte tendu dans lequel Farid Chourak prend ses nouvelles fonctions, il a été nommé à l’occasion d’un Conseil des ministres au cours duquel plusieurs membres du gouvernement ont appris qu’ils étaient privés de vacances, le roi ayant exprimé sa « déception, son mécontentement et sa préoccupation » au sujet du programme de développement d’Al Hoceima.
Pour satisfaire ces grandes attentes, Farid Chourak devrait travailler avec le wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima Mohamed Yaakoubi, et le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit. Outre l’organigramme administratif, les trois hommes ont pour point commun d’avoir été nommés en même temps, en 2002, à la tête de trois centres d’investissement régionaux (CRI): Laftit à Tanger-Tétouan, Yaakoubi pour Doukkala-Abda et Chourak dans l’Oriental.
Mohamed Yaakoubi reprendra d’ailleurs la suite d’Abdelouafi Laftit en 2004, après que celui-ci soit nommé gouverneur de la province Fahs-Anjra. Le trio, mobilisé pour les investissements régionaux en 2002, est réuni quinze ans plus tard sur le dossier Al Hoceima dont le volet économique fait partie des revendications du Hirak.
Après une carrière de professeur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Oujda depuis 1983, Farid Chourak restera huit ans au CRI de l’Oriental avant d’être nommé en 2010 gouverneur de la province de Rehamna, fief du fondateur du PAM Fouad Ali El Himma. Anodin ? Peut-être pas. Membre du comité central du RNI, Farid Chourak a quitté la colombe pour rejoindre le tracteur en 2009, selon Lakome.
Sa proximité avec le PAM lui a été reprochée lors des élections professionnelles de 2015 par une candidate PJD à la Chambre de l’agriculture de Rehamna. Elle accusait le gouverneur d’avoir tenté d’exercer des pressions pour qu’elle renonce à sa candidature au profit d’un candidat PJD, rapportait Akhbar Al Yaoum à l’époque.
Le gouverneur avait alors été auditionné par une commission mixte des ministères de l’Intérieur et de la Justice qui avait conclu, après s’être déplacée sur les lieux les 25 et 26 juillet, qu’elle n’était parvenue à établir « aucune preuve de pressions exercées par le gouverneur sur une candidate du PJD pour la dissuader de se présenter aux élections des membres des chambres professionnelles« .
Lorsqu’Aujourd’hui le Maroc lui demandait début 2002 s’il avait des ambitions politiques, Farid Chourak qui était alors délégué général au Maroc de l’Institut régional de coopération-développement de la région française Champagne Ardenne répondait : « Pourquoi pas, mais à condition que la politique au Maroc se moralise« . Voilà aussi un point commun avec les revendications des manifestants du Hirak.
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