Procès à Al Hoceima: 25 manifestants restent derrière les barreaux

Les demandes de liberté provisoire pour 25 des manifestants arrêtés après les évènements du 26 mai ont toutes été rejetées par le tribunal d’Al Hoceima ce mardi 30 mai. Le procès est reporté au 6 juin, alors que les avocats soupçonnent de mauvais traitements durant la détention de leurs clients.

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Crédit: Fadel Senna/AFP

Pas de libération aujourd’hui à Al Hoceima. Vingt-cinq manifestants arrêtés après un rassemblement du mouvement de contestation de la ville du Rif resteront sous les verrous au moins jusqu’au 6 juin, date de report de leur procès qui s’est ouvert le 30 mai. Leurs avocats ont demandé ce report, « pour mieux préparer leur défense« , mais les demandes de liberté provisoire formulées ont toutes été refusées.

32 manifestants comparaissaient aujourd’hui au tribunal d’Al Hoceima. Ils font partie de la quarantaine de manifestants interpellés après les évènements du 26 mai dans la ville du Rif. Un mineur a été déféré devant le juge compétent, et sept autres prévenus ont été relâchés sans suite. Sept autres personnes ont été poursuivies, en état de liberté pour « outrage à l’encontre des éléments de la force publique lors de l’exercice de leurs fonctions, désobéissance et manifestation sans autorisation préalable sur la voie publique« .

Les 25 restants restent donc en état d’arrestation. Ils sont poursuivis pour « outrage aux éléments de la force publique lors de l’exercice de leurs fonctions, violence à leur encontre ayant causé des blessures avec préméditation, désobéissance armée par la voie de plusieurs personnes, destruction de véhicules et d’autres équipements d’intérêt général, manifestation sans autorisation préalable sur la voie publique et attroupement armé sur la voie publique ».

Une quarantaine d’avocats sont associés au procès. Plusieurs d’entre eux étaient présents à Al Hoceima cet après-midi. Devant les proches des accusés, des membres associatifs et quelques journalistes, les avocats ont enchaîné les plaidoiries. Tonitruant dans une salle où même les petites conversations résonnent, l’avocat Mohamed Ziane ouvre le bal pour ce que la défense décrit comme « une affaire politique et non pas de droit commun« .

Les avocats placent aussi ce procès sur le terrain des droits de l’Homme, alors que les circonstances de détention et d’interrogation des manifestants restent troubles. « On est en train de se rendre compte qu’ils ont passé deux jours en enfer au commissariat« , explique Maitre Isaac Charia à Telquel.ma, dans les couloirs du tribunal lors d’une interruption de séance. Lorsqu’à la barre il décrit « les coups aux visages et les marques au poignet » des 25 prévenus dont l’audience n’aperçoit que la nuque, des larmes coulent sur les visages des proches.

« Nous constatons que par ces mauvais traitements, l’État n’a pas respecté les droits de ces jeunes. À partir de ce moment-là, ils deviennent des victimes, et je demande que ce procès se fasse désormais sur la base des droits de l’Homme« , poursuit Me Charia. « Le procureur du roi a appliqué à la lettre la procédure et a fait établir des procès-verbaux pour que soient constatées les traces de violences sur les corps des jeunes gens », précise maitre Rachid Bellali. De son côté, Maitre Mohamed Ziane a demandé une expertise judiciaire afin de déterminer « si les dépositions des prévenus n’ont pas été obtenues par la force« .

Les avocats de la défense replacent aussi les faits qui sont reprochés à leurs clients dans une suite d’évènements entamés avec la mort de Mohcine Fikri. Le procès des fonctionnaires impliqués dans cette mort tragique qui a enflammé le Rif aura d’ailleurs lieu le lendemain, 31 mai, à la Cour d’appel d’Al Hoceima.

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