Le Haut-commissariat au Plan (HCP) a dévoilé ce mercredi 17 mai à Rabat, les principaux résultats des travaux relatifs à la pauvreté, la vulnérabilité et l’inégalité, et un nouvel outil de ciblage de la pauvreté basé sur des critères monétaires. Un instrument précis qui permettrait au gouvernement de procéder à une meilleure répartition des aides sociales dans le cadre de son engagement contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Les résultats sont sans équivoque: les politiques de lutte contre la pauvreté menées par le gouvernement ont contribué à un recul évident des taux de pauvreté et de vulnérabilité à l’échelle nationale et plus précisément en milieu urbain.
Les financements des programmes sociaux remis en question
Les politiques publiques reposent sur un système de transfert des ressources budgétaires à la totalité de la population, elles sont attribuées de manières forfaitaires soit sous forme de subventions aux produits alimentaires et énergétiques soit sous forme de prestations sociales. « Ces aides sociales vont à l’ensemble de la population et profitent à ceux qui en ont le moins besoin« , explique le secrétaire général du HCP Abdelhak Allalat, qui a pris la parole au nom de Ahmed Lahlimi Alami, le haut-commissaire au Plan, absent lors de la conférence.
« Dans le domaine de la couverture médicale, le Ramed qui est destiné à la population pauvre et vulnérable non couverte par un système d’assurance maladie, n’échappe pas à ce type de distorsion. Alors que seuls 26,1% de ses bénéficiaires provenaient du quintile ayant le niveau de vie le plus faible, 7,6% appartenaient au quintile le plus aisé« , poursuit le secrétaire général du HCP.
« Nos travaux à partir de l’Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages (ENCDM) montrent qu’en 2014, près de 30% des subventions budgétaires destinées au soutien des produits alimentaires et de butane ont profité aux 20% des ménages ayant le niveau de vie le plus élevé, contre 13% aux 20% les plus défavorisés, avec un rapport de plus de 2 fois au profit des premiers. Ce rapport est de 2,4 fois dans le cas de la farine nationale de blé tendre, 3,4 fois dans celui du sucre et de 1,9 fois dans celui du gaz butane », poursuit Abdelhak Allalat qui relève par ailleurs qu’au niveau du système éducatif, « près de 30% des promotions du secondaire et du supérieur de 2014 appartenaient à la catégorie des 20% les plus aisés contre 10% relevant des 20% les plus défavorisés« .
Un nouveau ciblage de la pauvreté
Selon le rapport du HCP, ces distorsions sont inhérentes au mode de financement général des programmes sociaux. C’est la raison pour laquelle le HCP propose une cartographie de la pauvreté monétaire comme outil de ciblage de la pauvreté. Il s’agit d’une cartographie actualisée de la pauvreté monétaire, précise Abdelhak Allalat. L’objectif est de mettre cet outil à la disposition des pouvoirs publics, afin de les aider à mieux cibler les objectifs en matière de développement humain et de maximiser le rendement des ressources qui leur sont affectées. « Si on améliore l’affectation des ressources, on peut en améliorer le rendement, ainsi, la majorité des bénéficiaires seront issus des populations pauvres, ce qui permettra une baisse du taux de pauvreté plus accentuée« , explique Abdelhak Allalat.
« En 2005, les communes ciblées par l’INDH (Initiative nationale de développement humain) bénéficient d’une baisse de 21 points du taux de pauvreté, en comparaison avec celles qui ne font l’objet d’aucun ciblage », constate que fait Khalid Soudi, directeur de l’Observatoire des conditions de vie de la population auprès du HCP. Une baisse qu’il impute donc à un meilleur ciblage. « La carte de pauvreté est une base de données qui classe l’ensemble des communes selon leur taux de pauvreté, ce pour chaque province et région », commente-t-il.
La nouvelle cartographie de la pauvreté montre que :
- Sur un total de 1.683 communes et centres urbains, 39,2% affichent un taux de pauvreté monétaire inférieur à 5%, 29,8% ont un taux variant entre 5% et 10%, 23,8% affichent un taux entre 10% et 20%. 5,1% entre 20% et 30% et 2,2% ont un taux de pauvreté supérieur à 30%.
- En milieu rural, sur les 1.279 communes, le taux de pauvreté monétaire est inférieur à 5% dans 28,5% des communes, et se situe entre 5% et 10% dans 34,4%. Il oscille entre 10% et 20% dans 28,2% des communes, entre 20% et 30% dans 6,0%, et est supérieur à 30% dans 2,9% des communes.
- À l’échelle urbaine, sur les 404 communes et centres urbains, 73,3% affichent un taux de pauvreté inférieur à 5%, 15,1% un taux de pauvreté compris entre 5% et 10%, 9,7% un taux entre 10% et 20%, et 2,0% affichent un taux supérieur à 20%.
Lire aussi: Enquête du HCP: 1,6 million de Marocains sont en « situation de pauvreté absolue »Abdeljaouad Zirari de l’Observatoire des conditions de vie relève que « ce nouvel outil permet une meilleure répartition géographique des ressources et d’améliorer sensiblement la performance des politiques de lutte contre la pauvreté« .
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