Face à la difficulté de trouver des financements en France, Marine Le Pen, candidate à la présidence française sous les couleurs du Front national (FN), n’hésite pas à se tourner vers des banques russes, même celles proches des organisations « mafieuses« . C’est ce que démontrent deux enquêtes publiées le 2 mai par le site d’information français Mediapart.
Celle intitulée « Dans les coulisses des prêts russes du FN » raconte l’histoire « d’un réseau qui s’est constitué – avec ses intermédiaires et ses structures opaques – pour aider le parti de Marine Le Pen à décrocher des millions, et même à en masquer la provenance« .
D’après les auteurs de cette enquête, « le tableau est accablant et permet de s’interroger sur la propension du Front national à fermer les yeux sur la provenance de l’argent russe« . Mediapart précise que les trois banques auprès desquelles le parti de Marine Le Pen a contracté des prêts ont fait faillite en 2016 « dans une étrange répétition« , notamment pour des raisons de détournements de fonds.
Selon le média français, le Front national avait déjà obtenu en 2014 un prêt de 9,4 millions d’euros auprès de la First Czech-Russian Bank (FCRB). Un premier échange dont les protagonistes sont l’eurodéputé frontiste Jean-Luc Schaffhauser, et un homme d’affaires letton, Vilis Dambins. Ce dernier est lié à Alexandre Babakov, un sénateur russe « ultra-patriote » et le conseiller du président Poutine en charge des relations avec les organisations russes à l’étranger.
En juin 2016, le FN donne son feu vert pour contracter un « emprunt de trois millions d’euros auprès de la Strategy Bank, établissement au parcours déjà agité, plusieurs fois épinglé pour blanchiment d’argent« . D’ailleurs, « la Strategy Bank a finalement perdu sa licence bancaire le 26 juillet 2016, faisant capoter le contrat de prêt« . « Le Front national s’est tourné vers la NKB Bank, un établissement encore plus obscur, situé à la 527e place du classement russe« . L’établissement qui est contrôlé par un certain Dmitri Roubinov, qui avait aussi la main sur la FCRB, perd aussi sa licence.
Le site sous-entend alors que le Front national a utilisé une « pratique bien connue en Russie« , à savoir « vider de sa substance une banque avant qu’elle ne disparaisse, via des sociétés bidons, permettant à certains titulaires d’emprunts de ne jamais rembourser leurs dettes« . Ce qui pourrait permettre au parti de Marine Le Pen de « bénéficier de dons sous couvert de prêts« .
Contrepartie politique
Mediapart se pose alors la question de la contrepartie politique aux financements russes du Front national. « Une série d’emails que Mediapart s’est procurés démontre que les deux interlocuteurs russes de Schaffhauser – Alexander Vorobyev et Mikhail Plisyuk – sont directement liés à certains voyages et prises de position du Front national« , révèle le site. Selon les documents en possession de Mediapart, « les intermédiaires russes ont conseillé Jean-Luc Schaffhauser dans plusieurs de ses interventions au Parlement européen, faisant ainsi apparaître les jeux d’influence pro-Poutine derrière les financements russes du FN« . Après la campagne présidentielle américaine, les ingérences russes dans la politique intérieure de puissances occidentales sont une nouvelle fois pointées du doigt.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer