Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé le 29 avril que son pays et les Etats-Unis, s’ils unissent leurs forces, pourraient transformer Raqa, principal bastion de l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie, en « cimetière » du groupe jihadiste.
« L’immense Amérique, la coalition et la Turquie peuvent unir leurs forces et transformer Raqa en cimetière de Daech (acronyme arabe de l’EI)« , a déclaré M. Erdogan lors d’une allocution à Istanbul. Le chef de l’Etat turc doit se rendre aux Etats-Unis à la mi-mai pour y rencontrer son homologue américain Donald Trump pour la première fois. Mais Washington et Ankara divergent sur la stratégie à adopter en Syrie, dont de larges pans sont toujours sous contrôle du groupe EI.
Les Etats-Unis soutiennent les milices kurdes YPG (Unités de protection du peuple kurde) qui sont la principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes luttant contre les jihadistes.
Or la Turquie considère les YPG comme l’extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation séparatiste qui livre une sanglante lutte armée contre Ankara depuis 1984, et est classée « terroriste » par la Turquie et ses alliés occidentaux. De ce fait, la Turquie, qui souhaite s’allier aux Etats-Unis dans l’offensive en préparation contre Raqa, est excédée que les YPG soient appelées à y jouer le premier rôle. Des soldats turcs et des membres des YPG ont d’ailleurs échangé sporadiquement des tirs cette semaine à la frontière turco-syrienne.
Changer la position américaine
Le 29 avril, Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu’il présenterait à Donald Trump des « documents » prouvant les liens entre les YPG et le PKK, lors de leur rencontre prévue le 16 mai. « C’est ce que nous dirons à nos amis américains afin qu’ils ne s’allient pas à un groupe terroriste« , a-t-il dit.
La Turquie a irrité Washington en bombardant le 25 avril en Syrie un QG des YPG, faisant au moins 28 morts, et en lançant un raid aérien en Irak contre une milice pro-kurde, tuant accidentellement six membres des forces kurdes irakiennes. En Irak, la frappe a eu lieu dans la région de Sinjar (nord-ouest) où la minorité kurdophone yazidie avait été persécutée en 2014 par l’EI.
« Nous avons mené des frappes contre Sinjar et l’autre endroit (en Syrie, ndlr) et nous avons tué entre 210 et 220 terroristes là-bas. Et pourquoi? On ne joue pas avec notre nation« , a encore dit M. Erdogan. Il a également évoqué implicitement d’éventuelles futures frappes contre les YPG et le PKK en Irak et en Syrie. « Nous savons parfaitement que faire lorsque le moment arrive. Nous pouvons apparaître une nuit soudainement« , a encore lancé le président turc, reprenant le texte d’une chanson turque populaire.
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