Selon une avocate à Paris, "Saad Lamjarred est encore très loin de rentrer au Maroc légalement"

Saad Lamjarred est sorti de prison. Alors que le parquet a fait appel de la décision de liberté sous placement électronique, une audience a lieu ce mardi 18 avril. Le point en trois questions avec Safya Akorri, avocate pénaliste au barreau de Paris.

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Poursuivi pour violences sexuelles en France, Saad Lamjarred a été remis en liberté sous surveillance électronique le 13 avril au soir. Il a quitté la prison de Fleury-Mérogis, où il est incarcéré en France depuis le 26 octobre 2016 suite à une plainte pour « viol aggravé » et « violences volontaires« . Il avait déjà vu sa demande de mise en liberté conditionnelle rejetée le 30 décembre. Cette liberté avec bracelet électronique est pourtant contestée par le parquet qui a fait appel. L’audience a lieu ce 18 avril. Safya Akorri, avocate pénaliste au barreau de Paris et au sein du cabinet Akorri & Boutron-Marmion Associés, fait le point sur la mise en examen du chanteur.

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Telquel.ma : Pourquoi le juge a-t-il placé Saad Lamjarred sous surveillance électronique ?

Safya Akorri : Cela signifie que les charges à son encontre sont trop lourdes pour le laisser en liberté, même s’il reste présumé innocent puisque le procès n’a pas encore eu lieu. Il faut rappeler que Saad Lamjarred est toujours mis en examen et qu’une instruction est toujours en cours. Le premier principe dans une mise en examen est la liberté. Mais si l’on considère que la personne peut essayer de se soustraire à la justice ou de détruire des preuves, on la place sous contrôle judiciaire. L’étape suivante est la surveillance électronique, quand on a peur qu’elle quitte le territoire ou réitère les faits. C’est le cas aujourd’hui de Saad Lamjarred. Il était précédemment sous le coup du dernier statut: la détention provisoire. Mais cette décision de liberté sous surveillance électronique n’est pas définitive. Le parquet qui a fait appel va expliquer pourquoi il considère que cette atteinte à la liberté n’est pas suffisante pour garantir la sécurité de la procédure judiciaire.

Saad Lamjarred porte un bracelet électronique. Qu’est-ce que cela change à son quotidien?

Sa vie est régulée. Il peut uniquement sortir de son domicile lors de journées et heures précises. Il ne peut pas quitter le territoire français, mais il peut circuler librement à l’intérieur. Le juge peut tout de même lui interdire d’aller sur une certaine zone, comme le quartier où réside la plaignante. Il n’a pas de pointage à faire au commissariat, car il y a un suivi en temps réel par le commissariat de ses déplacements de façon électronique.

Peut-il espérer rentrer bientôt au Maroc ?

Saad Lamjarred est encore loin, même très très loin, de rentrer au Maroc légalement. S’il est placé en détention provisoire puis en liberté sous surveillance électronique, c’est qu’il doit y avoir des éléments lourds dans le dossier d’instruction. Mais pour l’instant, l’instruction n’est pas terminée, car les juges n’ont pas assez d’éléments. Sur ce type de dossier, les instructions finissent rarement en moins de 18 mois, ce qui ramènerait à début 2018 pour Saad Lamjarred. Il faudra ensuite que la juridiction de jugement soit saisie et que le verdict soit prononcé.

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