Yanja Khattat est un homme rassuré. Après avoir lu le message royal lors de l’ouverture du Forum Crans Montana, le président de la région Dakhla Oued-Daheb semble conforté dans sa position. Sa nomination avait été contestée par son adversaire politique, la PAMiste Azzouha Mouna El Kachaf, qui l’avait accusé de vivre en Mauritanie. C’est dans une tente traditionnelle sahraouie que le responsable, et ex-membre du Polisario nous reçoit pour évoquer le développement de sa région, son ralliement au Maroc et le Forum Crans Montana qui se tient actuellement à Dakhla.
Telquel.ma: Peut-on finalement affirmer, sans l’ombre d’un doute, que vous êtes le président de la région Dakhla-Oued Eddahab ?
Yanja Khattat: Je l’ai toujours été! Certains ne l’ont pas compris mais je pense que la lecture du message royal a été déterminante. Désormais, il faut passer à l’action et il faut entrer dans cette dynamique de développement engagée par le roi. Et j’appelle l’opposition à s’inscrire dans cette dynamique.
Que s’est-il passé au juste ? Une dépêche de l’agence MAP a créé la confusion concernant votre supposée destitution…
Au départ il y’a eu une confusion qui a été rectifiée. Le verdict du tribunal de première instance de Marrakech visait le ministère de l’Intérieur. Ce département n’avait pas répondu à un courrier envoyé par ma concurrente dans lequel elle affirmait que je résidais à l’étranger, en Mauritanie, alors que le ministère de l’Intérieur sait très bien que j’habite ici (à Dakhla, ndlr). En vertu du verdict de la Justice, le ministère devait répondre d’une manière ou d’une autre à cette dame.
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Vous êtes le premier « rallié » du Polisario à être élu. Pensez-vous que d’autres vont suivre ?
Bien sûr qu’ils vont suivre. Nous sommes dans une région qui se développe et la solution à ce problème (le conflit du Sahara, ndlr) se dessine sur le terrain à travers les projets grandioses qu’a mis en place Sa Majesté et à travers la participation active des habitants des provinces du Sud à ces projets qui sont palpables. Ces projets vont inciter les gens restés à Tindouf à venir s’inscrire dans cette dynamique de développement initiée lors du 40e anniversaire de la Marche verte. A titre d’exemple on peut mentionner Dakhla qui a été transformée depuis 1975. La ville dispose désomrais d’un aéroport et d’infrastructures routières à la hauteur. Les hôpitaux et les écoles qui ont été mis en place attestent eux aussi du développement qu’a connu la région.
Votre tache est-elle facilitée par votre statut de « rallié » ?
Ca n’a pas eu d’impact. Je suis un citoyen marocain qui avait une position politique particulière avant 1991 (date du cessez-le-feu, ndlr) et qui est revenu en 1992 suite à l’appel de Hassan II qui était un moment historique pour cette région. Des milliers de ralliés sont revenus au Maroc et ont pris différents itinéraires. Ils participent désormais au chantier grandiose qui a lieu dans les provinces du Sud. Je pense que j’ai connu une expérience comme les autres et j’ai été capable de tourner une expérience négative en quelque chose de positif. Depuis que je suis rentré les choses vont mieux.
Vous avez récemment présenté un plan de développement régional. Quels sont les principaux projets de ce plan ?
Ce plan de développement régional se base sur le nouveau plan de développement des provinces du Sud, lancé par le roi Mohammed VI lors de l’anniversaire de la Marche verte. Ce plan vise à palier des insuffisances en infrastructures et en superstructures. Parmi ces projets figurent des projets structurants comme le port Atlantique de Dakhla, qui disposera d’un budget de 6 milliards de dirhams, les projets de valorisation de la pêche, qui disposent d’une enveloppe de 1,3 milliard, une usine de dessalement d’eau destinée à l’irrigation de 5 000 hectares ayant une capacité de 100 000 m3 d’eau par jour qui nécessitera un investissement de 1,3 milliard d’euros. Nous allons également raccorder Dakhla au réseau d’électricité national ce qui permettra d’inciter les investissements dans les énergies renouvelables comme l’éolien. Sans raccordement nous ne pourrons pas réexporter cette énergie.
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Quel impact a le Forum Crans Montana sur Dakhla ?
C’est la troisième fois que Dakhla abrite ce forum qui a un grand succès. Dakhla est devenue un plateau d’échange d’idées, de stratégie et d’expérience. Elle devient une destination pour des hommes d’influence que ce soit dans la politique ou l’économie. Dakhla est en train de devenir une porte vers l’Afrique. Cette édition se place dans le contexte du retour du Maroc au sein de l’Union africaine et à la suite des visites royales en Afrique subsaharienne qui ont mis en exergue l’importance des échanges Sud-Sud. De nombreux hommes politiques africains participent à ce forum et attestent de la place du Maroc en Afrique. A l’avenir, Dakhla devrait prendre un rôle plus important au niveau africain.
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