Les étudiants de l’École supérieure d’architecture de Casablanca (EAC) entament leur deuxième semaine de grève. Leur revendication: la reconnaissance de leur diplôme.
Le combat dure depuis 2010 et les étudiants de l’École supérieure d’architecture de Casablanca (EAC) sont fatigués d’attendre l’équivalence de leur diplôme. Ils commencent ce 13 mars une deuxième semaine active de grève. Tous les cours sont à l’arrêt et les étudiants ont organisé plusieurs sit-in dans leur école. « Cette semaine, nous devrions nous déplacer devant le ministère de l’Enseignement supérieur pour nous faire entendre« , nous explique Mohcine Sadiq, étudiant en cinquième année et secrétaire général de l’Association des lauréats et étudiants de l’école d’architecture de Casablanca.
La revendication des 75 lauréats et des quelque 200 étudiants est claire. Ils souhaitent « la reconnaissance officielle de leur diplôme par les pouvoirs publics pour l’ensemble des lauréats de l’EAC« , ainsi que « le droit d’exercer [leur] métier et le port du titre d’architecte en [leur] nom propre« , explique un communiqué de l’association. « Le dossier de reconnaissance du diplôme est en phase finale. On devrait avoir les résultats avant la fin du mois« , nous répond une source proche du dossier au ministère de l’Enseignement supérieur.
Un combat de longue date
L’EAC, fruit d’un partenariat public-privé, a été créée en 2004, après une décision du gouvernement. Les étudiants travaillent dans des locaux de l’État depuis 13 ans, alors que l’école a reçu son accréditation le 19 décembre 2011 suite au Décret n° 2-09-717 du 17 mars 2010 et l’arrêté ministériel du 16 juillet 2010. Pourtant, l’accréditation n’est pas synonyme d’équivalence de diplôme.
L’amendement de l’article 4 modifiant la loi 16-89 adoptée par le parlement fin 2014 « ouvre la porte à la régularisation du statut des diplômés et leur permet de porter le titre d’architecte à titre privé. L’EAC ayant répondu à toutes les conditions requises par le ministère de l’Enseignement supérieur, la procédure d’octroi de l’équivalence tarde à être appliquée« , est-il indiqué dans le communiqué.
Il manque alors cette dernière étape pour que les étudiants aient une équivalence de diplôme. Celle-ci est nécessaire pour exercer leur métier d’architecte à part entière. « On se retrouve sans perspective concrète d’avenir. Nous sommes formés à un métier libéral, mais nous finissons salariés, dépendant des autres dans un cabinet d’architecte, des sociétés de coordination, d’immobilier ou de construction« , se plaint Mohcine Sadiq. Une source dans l’administration de l’école nous affirme par exemple que deux lauréats de l’EAC se sont chargés du projet de réaménagement de la place Mohammed V en passant par une autre société d’architecture pour remporter le contrat, et sans pouvoir signer le projet de leurs noms.
Blocage de la reconnaissance au ministère
Les étudiants ne sont pas en contact direct avec le ministère de l’Enseignement supérieur qui n’a pas prévu de les rencontrer. « Ce problème est le même pour tous les établissements privés qui veulent être reconnus. Il faut respecter un cahier des charges afin de garantir une qualité de la formation« , explique une source proche du dossier au sein du ministère. Une procédure entamée par l’EAC l’année dernière selon l’administration de l’établissement. Si le résultat est positif, il faudra ensuite qu’un décret soit publié au bulletin officiel pour que l’équivalence soit effective. « Cela prendra le temps que cela prendra« , nous dit-on au ministère.
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De son côté, l’administration de l’EAC bataille pour faire reconnaître son diplôme. « Nous n’avons pas d’interlocuteur en face de nous. Dans les couloirs il se murmure qu’on attend le gouvernement et le nouveau ministre« , nous dit une source de l’établissement.
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