Après 18 mois de présence au Maroc et précisément à Casablanca, le géant américain Uber peine à faire bouger les lignes. Si l’entreprise dont le coeur de métier est la mise en relation des clients et des chauffeurs via une application mobile communique fièrement autour de ses 15.000 passagers actifs et ses 500 chauffeurs opérationnels, son activité n’en reste pas moins déficitaire. « Nous ne faisons pas encore de bénéfices, car nous investissons encore énormément », explique Meryem Belkziz, directrice générale d’Uber Maroc qui d’ailleurs a préféré ne pas communiquer sur le chiffre d’affaires ou le montant des investissements de l’entreprise.
Celle-ci consent néanmoins à parler du revenu des chauffeurs Uber. « Quelqu’un qui travaille à temps plein chez Uber peut percevoir entre 4.000 et 6.000 dirhams par semaine », explique-t-elle lors d’une table ronde consacrée à la présentation du bilan d’Uber au Maroc, le 9 mars.
Légal ou illégal ?
Toutefois, le management d’Uber est davantage préoccupé par la législation que par les chiffres. Depuis son installation, Uber et ses concurrents, notamment Careem, sont la cible d’une campagne de la part des syndicats des chauffeurs de taxi qui les accusent de concurrence illégale. Pour cause, l’activité de transport est fortement réglementée au Maroc et les opérateurs sont obligés d’avoir recours à des licences pour exercer dans le secteur. C’est la raison pour laquelle la plateforme a commencé par recourir aux professionnels disposant de leurs autorisations. Aujourd’hui, parmi les 500 chauffeurs opérationnels figurent « des étudiants, des femmes, des retraités, des vétérans… « , explique Belkziz.
Mais sous quel statut exercent-ils? « Ils opèrent sous le régime du statut d’autoentrepreneurs dans lequel l’activité de transport est autorisée », répond la directrice générale d’Uber Maroc. Malgré toutes les explications, le flou persiste autour de l’activité d’Uber au regard de la loi. À la question de savoir si leur activité est légale, l’avocate en chef d’Uber répond droit dans les yeux: « nous ne sommes pas illégaux. Nous sommes un fournisseur de service et nous avons toutes les autorisations pour travailler ». « Il existe certes un vide juridique comme dans tous les pays où Uber a démarré ses activités. Aujourd’hui nous sommes dans une démarche où l’on souhaite que tout soit clarifié avec les autorités », ajoute-t-elle.
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Plaidoyer pour une législation
Pour Meriem Belkziz tout est question d’interprétation. Uber n’est pas dans l’illégalité, car in fine ce n’est qu’une plateforme technologique de mise en relation. Ceux qui pourraient l’être, ce sont bien les chauffeurs qui sont d’ailleurs traqués et des fois même « tabassés » par des chauffeurs de taxi haineux. « Nous discutons avec les autorités comme la wilaya de Casablanca et le ministère de l’Intérieur afin de les sensibiliser. Nous demandons la mise en place d’une réglementation et d’un cahier des charges pour que toutes les lignes soient claires et que nous exerçons notre activité selon les termes d’une loi claire« , argumente Belkziz. Les discussions « sereines » entre Uber et les autorités de tutelle resteront, comme plusieurs autres dossiers, suspendues à l’annonce du futur gouvernement.
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