Tourisme: les dessous des recettes "record" de 2016

Il y a quelques années, les recettes touristiques reculaient à mesure qu’augmentait le nombre de touristes. En 2016, ce sont les recettes qui ont enregistré un "record" pendant que les arrivées stagnaient. Explications.

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La baie d'Agadir. Crédit: DR

 10,3 millions de touristes ont foulé le sol marocain en 2016, soit une hausse de 1,5 % par rapport à 2015. Une maigre progression lorsque l’on sait que le royaume compte accueillir 20 millions de touristes à l’horizon 2020. Ce constat décevant ne semble pourtant pas miner le moral des opérateurs qui se réjouissent de la progression enregistrée dans le domaine des recettes touristiques s’élevant à 63 milliards de dirhams en 2016 contre 61 milliards en 2015. « Un record » se félicite Said Mouhid, président de l’Observatoire du tourisme (OT). Mais comment expliquer cette hausse de 3,17% des recettes touristiques qui coïncide avec une stagnation des arrivées? Éclaircissements de Said Mouhid.

Money, money, money

Lorsque l’on évoque l’embellie des recettes, les regards se tournent vers la COP22, la grand-messe climatique qui a offert aux hôteliers le luxe d’afficher complet en novembre. On a tort, à en croire le patron de l’Observatoire du tourisme, en charge de la publication des statistiques du secteur. « L’évènement n’a eu de l’impact qu’en novembre », nuance-t-il. De même, la variation des taux de change n’a eu qu’un « petit impact », répète notre interlocuteur.

Le nerf de la guerre, c’est l’offre touristique. « Nous avons une corrélation entre les infrastructures touristiques offertes aux touristes et la demande. Quand on regarde tous les hôtels qui s’ouvrent à Marrakech, à Tanger, à Rabat ou à Casablanca, ce sont des établissements de la gamme 4 et 5 étoiles, une hôtellerie de classe qui génère plus d’argent », analyse Said Mouhid. Résultat: côté hébergement, la recette moyenne des hôtels passe de 1.000 dirhams à 4.000 dirhams, voire 6.000. Et ce n’est pas tout : le tourisme golfique, profitant de la multiplication des greens, donne à son tour un coup de pouce aux recettes. « Il y a une revalorisation importante au niveau de la qualité de l’hôtellerie », résume le président de l’Observatoire du tourisme.

Vers une nouvelle stratégie

Et à nouvelle qualité, nouveaux marchés. « Nous avons, dans les arrivées, moins d’Européens de type package avec des tour-opérateurs, à 4.000 dirhams pour une semaine, par exemple », illustre notre source. D’après elle, le nombre de touristes importe naturellement moins que leurs dépenses. « Tous les investissements qui sont faits s’orientent vers cela : générer plus de recettes. C’est la stratégie la plus intelligente », tranche Said Mouhid.

La stratégie semble commencer à payer, car de nouveaux marchés, plus aisés, font désormais le bonheur des hôteliers. « Nous avons plus de clientèle américaine, asiatique, russe, africaine et beaucoup plus de pays du Golfe. Tous ces marchés ont enregistré une hausse à plus de 10 %« , se félicite le président de l’OT. L’embellie devrait se poursuivre cette année, car les recettes, nous révèle Said Mouhid, ont grimpé de 2,4 % en janvier 2017.

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