Mémoires: quand Radi raconte son enfance, Hassan II et Kadhafi

Le doyen des parlementaires vient de publier ses mémoires intitulés "Le Maroc que j'ai vécu". Un ouvrage de 800 pages écrit en arabe dont telquel.ma vous dévoile quelques extraits.

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Abdelouahed Radi, "Le Maroc que j'ai vécu". Crédit: © Yassine Toumi
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Extrait du chapitre I – Ma première enfance, de la ville à la campagne

Allal, c’est trop aroubi

« À cette époque, le mouvement national n’en était qu’à ses balbutiements. L’étoile du leader Allal El Fassi, fils d’Abdelouahed Fassi Fihri, commençait à scintiller. Tout le monde évoquait son nom en parlant du mouvement national. Dès lors, ma mère ne cachait plus sa fascination pour le nom d’Abdelouahed, le père du leader, car elle ne montrait aucun intérêt pour le nom d’Allal. Le nom lui paraissait campagnard (aroubi) contrairement au nom de son père, Abdelouahed, dont la mélodie, la composition et son caractère civilisé lui ont plu. C’est ainsi que ma mère a choisi de m’appeler Abdelouahed ».

Crédit : "Le Maroc que j'ai vécu de Abdelouahed Radi"
Crédit : « Le Maroc que j’ai vécu de Abdelouahed Radi »

Chapitre IV – Le mouvement national: du combat unitaire à la période des tensions

Les Marocains, ces fétichistes

« Le même scénario [l’organisation d’élections législatives préalables au retour de Mohammed V sur le trône, NDLR] avait été présenté, auparavant, par le président du conseil Edgar Faure à Abderrahim Bouabid. Mais ce dernier a assuré que le retour de Mohammed Ben Youssef sur le trône était une condition essentielle (…). Et c’est là qu’Edgar Faure a répondu avec étonnement: « Je ne savais pas que vous étiez fétichistes à ce point ». Le gouvernement français a alors commencé à accélérer les événements, en transférant Mohamed Ben Youssef de Nice à Saint-Germain-en-Laye, où il a reçu la visite du ministre des Affaires étrangères et le chef du gouvernement français ».

Chapitre XIII – l’Union arabo-africaine: Mouammar Kadhafi comme je l’ai vu

L’inculte Kadhafi

« Depuis ses années de lycée, cet homme (Mouammar Kadhafi) se préparait au pouvoir à travers un cursus militaire. Il ne s’est pas donné les moyens d’étudier les matières scientifiques et les connaissances qui auraient pu l’aider à s’armer d’une culture de base ouverte sur la philosophie, l’histoire, le droit, la sociologie et la psychologie. C’est-à-dire les limites que chacun peut avoir lorsqu’il ne dépasse pas les études secondaires. […] C’est ainsi que l’on peut comprendre les failles béantes que peut déceler quiconque discute avec le colonel (Kadhafi). Plus tard, au moment où il sera au cœur du pouvoir, il essaiera de combler ses carences en lisant des livres. Il s’est sans doute rendu compte, très tard, que Le Livre Vert n’est ni le commencement ni la fin de la connaissance et de l’humanité. Cette même humanité qui a commencé à penser depuis plusieurs millénaires d’une manière plus profonde, plus diversifiée et plus généreuse ».

Crédit : "Le Maroc que j'ai vécu de Abdelouahed Radi"
Crédit : « Le Maroc que j’ai vécu de Abdelouahed Radi »

Chapitre XIV – Le roi Hassan II de près

À la chasse avec Hassan II et Giscard d’Estaing

« Le lendemain, j’ai vêtu mes habits de chasseur et accompagné le roi Hassan II dans une réserve naturelle proche de Aïn Aouda (à l’est de Rabat). Nous avons passé une journée agréable en jouissant de notre loisir avec tout ce que cela comporte comme dimension humaine, biologique et sportive. Nous avons réussi à chasser un certain nombre de proies, dont des volatiles et des sangliers. […] Depuis cette occasion, j’ai régulièrement participé à des sorties de chasse avec Hassan II, et ce jusqu’à son décès en juillet 1999. Je l’ai accompagné dans différentes régions, dans les environs de Aïn Aouda, mais aussi Ifrane et Marrakech. Hassan II a toujours insisté pour que je participe avec lui à ses sorties, et d’une manière continue. Au côté de Hassan II, le prince Sidi Mohammed et le prince Moulay Rachid participaient également à ces sorties. D’autres personnalités y prenaient part elles aussi: Ahmed Senoussi, Driss Basri, le général Loubaris, et de temps à autre, des personnalités étrangères. Je me souviens d’un jour où le président Valéry Giscard d’Estaing avait pris part à une de ces sorties. »

Crédit : "Le Maroc que j'ai vécu de Abdelouahed Radi"
Crédit : « Le Maroc que j’ai vécu de Abdelouahed Radi »

Bribes de discussions avec Hassan II

Hassan II s’adressant à Radi:

« La démocratie est plus importante que le socialisme. Pourquoi ? Parce que le socialisme, c’est de la poésie romantique. Exemple: Lamartine et Planck étaient socialistes, mais chacun d’entre eux a choisi une voie différente ».

« Il n’y a pas de véritable communisme, car le communisme nécessite de la vertu. Si nous avions été communistes, notre monde serait devenu virtuel. Lénine lui-même disait que seule la vérité est révolutionnaire ».

« Je suis pour le pluralisme et non la dispersion. Et en ce qui concerne le Maroc, sept partis, c’est beaucoup. Six, c’est mieux. Au moment où trois sont au pouvoir, trois autres restent dans l’opposition, et cela permettra une alternance qui doit avoir lieu tous les quatre ou cinq ans. Mais vingt ans, comme ce qui s’est passé en France, c’est très long. Parce que ce n’est plus de l’alternance, c’est de la vengeance ».

« Les Israéliens ont toujours gagné la guerre, c’est pour cela qu’ils ne connaissent pas la négociation. Perez est un philosophe (il vit dans l’imaginaire), Begin est fou. Et les Israéliens ne veulent pas la paix maintenant. Dès que vous leur ouvrez une porte, ils s’empressent de la fermer… c’est comme ça. [Mais] Dayan aurait pu être capable de paix, il parlait arabe, il est né dans le même quartier qu’Abou Khaled, il n’est pas comme Golda Meyer qui est originaire du Massachusetts. »

Crédit : "Le Maroc que j'ai vécu de Abdelouahed Radi"
Crédit : « Le Maroc que j’ai vécu de Abdelouahed Radi »

 

 

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