Le député FGD Omar Balafrej a posté sur Facebook la réponse du ministre de l’Économie et des Finances à sa question sur la privatisation de Marsa Maroc. Mohamed Boussaïd a été réactif et a répondu en moins de dix jours. Voici son argumentaire.
Le ministre de l’Économie et des Finances vient de répondre à la question du député FGD (Front de la gauche démocratique) Omar Balafrej au sujet de l’énorme manque à gagner qu’aurait accusé l’État sur la cession de 40% du capital de Marsa Maroc en bourse, en juillet 2016.
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Le député FGD avait pour rappel interpellé, via une question écrite déposée le 9 février au secrétariat du Parlement, l’argentier du royaume sur cette opération de privatisation après avoir constaté l’emballement du titre Marsa Maroc en bourse. Un titre cédé par l’Etat à 65 dirhams, mais qui traite actuellement, soit sept mois après sa première cotation, au double de sa valeur initiale. « Un manque à gagner de 2 milliards de dirhams… De quoi construire 2.000 écoles dans le monde rural« , relevait Balafrej, se demandant si l’État n’avait pas bradé son opérateur portuaire.
Heureux imprévus
Après un rappel du cadre légal de l’opération, Mohamed Boussaïd tente dans sa réponse d’expliquer l’envolée du cours de Marsa Maroc par plusieurs facteurs. Le premier est la forte demande sur le titre Marsa Maroc, souscrit plus de six fois au moment de sa mise en vente. « La demande sur l’action de la société a dépassé les 185 millions de titres, alors que le nombre des titres mis en vente par l’Etat était d’à peine 29 millions« , explique Mohammed Boussaïd. D’après lui, c’est ce grand décalage entre l’offre et la demande qui a poussé les investisseurs à acheter massivement le titre après sa cotation, et aurait participé à l’envolée de son cours. « Le titre a enregistré une performance de 21% sur les trois premiers jours de cotation, et sa valeur a ensuite stagné jusqu’à l’apparition de nouveaux éléments imprévus qui ont poussé le titre dans un nouveau trend haussier« , précise Boussaïd.
Parmi les faits imprévus listés par le ministre des Finances, on relève l’annonce dans le projet de loi de Finances 2017 (rendu public fin septembre 2016, soit trois mois après l’IPO) de l’augmentation du dividende qui sera distribué par Marsa Maroc. Initialement prévu à 250 millions de dirhams, il a été fixé à 436 millions de dirhams dans le budget de l’État. Une générosité qui, on l’imagine bien, aurait augmenté l’attrait du titre.
La progression de 28% du chiffre d’affaires du groupe à fin juin 2016 (annoncée également fin septembre) y est également pour quelque chose. Une croissance imprévisible, selon le ministre, car liée à la hausse des importations de céréales et de fer. Des hausses elles-mêmes liées à des éléments que Marsa Maroc ne peut maîtriser, comme la mauvaise récolte céréalière et la baisse des cours internationaux du minerai de fer.
Last but not least: la présélection de Marsa Maroc, parmi d’autres opérateurs portuaires étrangers, pour l’exploitation d’un port spécialisé dans le vrac au Ghana. Un marché qui s’élève à près de 50 millions d’euros, annonçait le management de Marsa Maroc en octobre.
« Une opération win-win »
Ces éléments intrinsèques à l’activité de l’opérateur portuaire expliquent en partie les gains réalisés par la valeur en bourse selon Boussaïd, mais pas seulement. Toujours selon le ministre, le comportement du titre a été également impacté par l’ambiance du marché boursier, dont l’indice général, le Masi, a gagné 40% en 2016 (petite erreur, le Masi n’a gagné en fait que 31,59% en 2016). Des performances que le ministre explique par le « retour de la confiance » après les différentes réformes initiées par son département, notamment le renforcement des prérogatives du gendarme du marché et l’ouverture du capital de la société gestionnaire de la bourse.
L’argentier du royaume conclut finalement que cette opération a été bénéfique à tout le monde: Marsa Maroc, les petits porteurs, les investisseurs institutionnels, la bourse de Casablanca, mais aussi l’État, qui voit ses parts restantes dans l’opérateur portuaire (60%) valorisées désormais à 5,9 milliards de dirhams, contre 3 milliards en juillet dernier.
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