Dans le cadre de la visite du roi Mohammed VI au Ghana, le fonds souverain marocain Ithmar Capital, et le fonds souverain ghanéen Ghana Infrastructure Investment Fund (GIIF) ont signé un accord de partenariat stratégique, le 17 février 2017 à Accra. Les deux nouveaux partenaires ont également signé un mémorandum d’entente qui permettra l’adhésion de GIIF à l’initiative Green Growth Investment Facility for Africa, initiée lors de la COP22 par la Banque Mondiale et le Maroc. « Ces signatures sont un signal fort de la volonté des deux pays d’approfondir la coopération bilatérale dans le domaine du codéveloppement aux niveaux national et continental. Elles concrétisent le partenariat économique tourné vers l’avenir voulu par le Maroc et le Ghana, » explique un communiqué d’Ithmar Capital.
Ces partenariats entre deux fonds souverains africains ne sont pas sans rappeler ceux signés en décembre dernier entre Ithmar Capital et son homologue nigérian, Nigeria Sovereign Investment Authority (NSIA). « Ce sont les mêmes termes, » confirme-t-on chez Ithmar. Depuis ce rapprochement nigérian, le mandat monosectoriel de fonds souverain d’Ithmar, qui était alors axé sur le tourisme, a en effet évolué vers un mandat multisectoriel avec un axe prioritaire vers l’Afrique, et notamment dans les investissements en infrastructures. C’est d’ailleurs à l’occasion du partenariat avec la NSIA que le projet d’un gazoduc entre le Nigéria et le Maroc avait été annoncé. Est-ce à dire que le Ghana entre aussi dans la danse dans la préparation de ce « mégaprojet » ?
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Le communiqué d’Ithmar ne le précise pas explicitement, mais les deux accords signés au Ghana vont dans ce sens. « L’accord de partenariat stratégique cherchera à créer des canaux pour l’échange d’opinions et d’informations sur les possibilités d’investissements conjoints. Il représente un engagement majeur à collaborer au développement de l’Afrique par deux des plus importantes économies du continent », note le communiqué.
Quant au mémorandum d’entente, il prévoit la participation du Ghana au Green Growth Infrastructure Facility for Africa (GGIF), « une initiative visant à catalyser la transition de l’Afrique vers une économie verte« . « La mission de GGIF for Africa est d’attirer les investisseurs privés intéressés par l’Afrique et de rechercher des opportunités d’investissement responsables, durables et écologiques. Dans un contexte d’accélération de la croissance, l’Afrique a besoin de capitaux pour répondre à ses ambitions économiques« , rappelle le document.
En outre, si le tracé officiel du gazoduc n’est pas encore connu, le Ghana se trouve sur un tracé potentiel. Lors de son discours du 31 janvier à Addis Abeba, Mohammed VI évoquait le « gazoduc africain atlantique » pour ce qui était jusqu’à présent le « mégaprojet de gazoduc Maroc-Nigéria« . Le souverain confirmait ainsi l’option ouest, voire off-shore du tracé. De plus, le West African Gas Pipeline (WAGP), un gazoduc porté par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dessert déjà le Ghana, le Bénin et le Togo. Le 28 avril, la CEDEAO a notamment validé un projet d’extension du gazoduc jusqu’en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Le gazoduc Maroc-Nigéria pourrait capitaliser sur cette structure. Enfin, lorsque le communiqué d’Ithmar plaide pour que « ces deux accords prouvent la volonté du Maroc et du Ghana de devenir de grands acteurs de l’investissement et de la coopération afin d’aider l’Afrique, conformément aux Hautes Orientations royales, à atteindre son propre modèle de développement économique et social, de renforcer la compétitivité de ses industries et de combler son déficit d’infrastructures« , il est difficile de ne pas avoir le gazoduc à l’esprit.
Les équipes d’Ithmar poursuivent leurs prospections en Afrique pour nouer des partenariats avec d’autres fonds souverains. La tournée royale en cours pourrait être l’occasion d’en officialiser certains.
Mise à jour du 20/02/17 : Dans un communiqué conjoint publié le 19 février à l’issue de la visite du roi au Ghana, Mohammed VI et le président ghanéen Nana Akufo-Addo affirment que « la construction du gazoduc Nigéria-Maroc profitera à tous les pays qu’il va traverser une fois le projet terminé. » Ils estiment « que ce gazoduc représente un symbole de la coopération Sud-Sud que les pays africains devraient promouvoir afin de garantir le modèle africain de développement, tel que constamment prôné par Sa Majesté le Roi Mohammed VI ».
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