Quand la presse chinoise s'emballe autour du Salon du livre de Casablanca

Les services de l'ambassade de Chine au Maroc se sont empressés de démentir une mauvaise information relayée par les médias de l'empire du milieu, au sujet d'une récompense décernée à l'auteur chinois Liu Zhenyun. C'est l'histoire d'un drôle de quiproquo. Le 13 février, plusieurs médias chinois rapportent que l'auteur Liu Zhenyun, un des grands noms de la littérature chinoise, notamment cité pour le prix Nobel de littérature en  2014, a été honoré lors du Salon international de l'édition et du livre (SIEL) de Casablanca. La China News Service (CNS), deuxième plus importante agence de presse publique chinoise, publie une dépêche annonçant qu'un auteur chinois reçoit "la plus haute distinction culturelle décernée au Maroc". L'auteur de l'article explique que la récompense "salue l'influence du travail de Liu au Maroc et dans le monde arabe", précisant que plusieurs œuvres majeures de l'auteur sont traduites en arabe et "comptent de nombreux lecteurs au Maroc". CNS va même jusqu'à citer "le ministre marocain de la culture" (pas expressément nommé dans la dépêche) saluant la faculté de l'auteur chinois à relater avec simplicité les choses les plus complexes. Une gigantesque fiction

Par

Crédit : Jiang Dong/China Daily

Les services de l’ambassade de Chine au Maroc se sont empressés de démentir une mauvaise information relayée par les médias de l’empire du milieu, au sujet d’une récompense décernée à l’auteur chinois Liu Zhenyun.

C’est l’histoire d’un drôle de quiproquo. Le 13 février, plusieurs médias chinois rapportent que l’auteur Liu Zhenyun, un des grands noms de la littérature chinoise, notamment cité pour le prix Nobel de littérature en  2014, a été honoré lors du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) de Casablanca. La China News Service (CNS), deuxième plus importante agence de presse publique chinoise, publie une dépêche annonçant qu’un auteur chinois reçoit « la plus haute distinction culturelle décernée au Maroc ».

L’auteur de l’article explique que la récompense « salue l’influence du travail de Liu au Maroc et dans le monde arabe », précisant que plusieurs œuvres majeures de l’auteur sont traduites en arabe et « comptent de nombreux lecteurs au Maroc ». CNS va même jusqu’à citer « le ministre marocain de la culture » (pas expressément nommé dans la dépêche) saluant la faculté de l’auteur chinois à relater avec simplicité les choses les plus complexes.

Liu Zhenyun a effectivement été honoré le 11 février dans le cadre de la 23e édition du SIEL, mais les faits tels que rapportés par l’agence chinoise sont une ni plus ni moins qu’une gigantesque fiction. La distinction à laquelle CNS fait allusion n’est autre que l’Ordre du mérite intellectuel, encore appelé Wissam Al kafaa Al Fikria. Or, ce dernier ne peut être décerné que par le roi.

Lire aussi: Les dix types de wissams royaux accordés par Mohammed VI

CNS s’est d’ailleurs rétracté dès le lendemain de sa bourde, en publiant un démenti de Shi Yuewen, l’attaché culturel de l’ambassade de Chine. Contacté par TelQuel.ma, Hassan Ouazzani, directeur du SIEL nous confirme que Liu Zhenyun a reçu « un petit cadeau, un souvenir ».

Crédit : Capture d'écran
Crédit : Capture d’écran

D’après notre interlocuteur, « certains médias chinois ont manipulé l’information ». Le China Daily en l’occurence, publiait un article montrant Liu Zhenyun recevoir son cadeau des mains de Hassan Ouazzani, présenté pour l’occasion comme le « vice-ministre marocain de la Culture ». Il y a visiblement plus de maladresse que de réelle désinformation de désinformation de la part du média chinois, qui depuis, a retiré l’article de son site.

De son côté, le directeur du Salon du livre de Casablanca explique que le cadeau qui a été remis à Liu Zhenyun avait pour but de « faire plaisir à ce monsieur qui est un grand auteur.  C’est surtout le premier écrivain auteur chinois invité au salon. Il s’agit d’un souvenir, et pas d’une décoration ».

Hassan Ouazzani nous assure avoir également avoir « éclairci les choses » avec les services de l’ambassade de Chine. Pas de wissam donc, mais le temps de cette fiction, le directeur du SIEL s’est invité parmi les membres d’un gouvernement qui se fait toujours attendre.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer