Dans les villes de Casablanca et Berkane, « beaucoup de pharmacies ne respectent pas les horaires légaux« , observe Abdelhamid Nacer, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats de pharmaciens du Maroc (FNSPM). « Certaines ouvrent 24 heures sur 24 alors qu’elles ne sont pas autorisées« , constate-t-il. Deux syndicats appellent donc les pharmaciens de Casablanca et Berkane à faire grève dans ces deux villes le 7 mars dans un premier temps.
La FNSPM prévoit ensuite de faire une grève nationale « fin mars ou début avril« , nous informe Mounir Tadlaoui, président de la fédération qui regroupe 56 syndicats. La date et les modalités de la grève seront précisées lors du conseil fédéral du 10 février. Contacté par Telquel.ma, le ministère de la Santé n’a « pas de position particulière » et n’a « pas de réaction face aux requêtes des pharmaciens d’officine« .
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Appliquer les sanctions
Horaires d’ouverture illégaux, remises de prix de vente inférieures à la réglementation, signatures de conventions entre des organismes privés et des pharmaciens… Autant de mauvais comportements qui ont été sanctionnés par les conseils de discipline, composés d’un juge et d’un pharmacien inspecteur nommés par le ministère.
Pourtant, les sentences ne sont pas appliquées. « Au niveau national, une quarantaine de sanctions prononcées n’ont pas été publiées dans le bulletin officiel par le secrétariat général du gouvernement, elles ne sont donc pas applicables« , déplore Hamza Guedira, président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens du Maroc en charge des conseils de discipline.
En conséquence, une « anarchie » s’est installée dans le marché des pharmacies. La FNSPM appelle donc à la grève pour demander au secrétariat général du gouvernement d’appliquer ces sanctions qui mettront un terme aux pratiques illégales qui ont « de fortes répercussions sur le chiffre d’affaires des pharmacies« , selon un communiqué des syndicats.
Réglementer les dispositifs médicaux
Les pharmaciens demandent aussi l’application de la loi qui permet de définir et lister les dispositifs médicaux légaux réservés aux pharmaciens. « La loi a été adoptée, mais elle n’est pas appliquée« , se plaint Mounir Tadlaoui de la FNSPM qui appelle le ministre à signer l’arrêté.
Selon lui, cette pharmacopée permettrait de fixer les normes de la vente du matériel comme les implants mammaires et le matériel pour opérer. « Le danger aujourd’hui, c’est que des personnes qui ne sont pas du métier vendent des produits médicaux« , explique Mounir Tadlaoui qui défend aussi le monopole de sa profession. Il demande une meilleure réglementation pour avoir une traçabilité des dispositifs médicaux avec un numéro de lot et une date de péremption, ainsi qu’un encadrement des prix. S’il justifie cette requête par le bien et la sécurité des patients, il attaque aussi les parapharmacies et les distributeurs illégaux qui empiètent sur le marché des officines.
La FNSPM demande aussi à être incluse dans les discussions du ministère de la Santé avec les syndicats sur l’amendement de la loi 17-04 qui régit le code de la pharmacie. « Ils sont en train d’amender l’article 26 qui nous interdirait d’acheter nos produits directement aux laboratoires, mais qui nous obligerait à passer uniquement par un grossiste« , s’inquiète par exemple Abdelhamid Nacer, secrétaire général de la FNSPM. Il demande aussi une révision du dahir 1922 sur les psychotropes, devenu « obsolète » et qui est à la défaveur des pharmaciens. Reste à savoir si la mobilisation des professionnels des officines va faire réagir le ministère de la Santé.
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