A Tanger, le déboisement du Parc Donabo cristallise les tensions

À Tanger, l'abattage de nombreux arbres du parc Donabo enrage les milieux associatifs. L'opération pose des questions sur la légalité de la destruction et ses objectifs. L'initiatrice du projet s'en défend. 

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Crédit : Observatoire de protection de l'environnement et des monuments historiques de Tanger.

Situé sur la route du Cap Spartel, en bordure de Tanger, le parc Donabo est une réserve naturelle protégée en périmètre urbain. Cette parcelle de 7.800m² est l’objet d’une intense activité de déforestation depuis plusieurs semaines. Une déforestation qui ne respecterait pas les procédures et qui mettrait en péril l’écosystème, selon des associations et des activistes sur place.

« Des travaux quasi-secrets »

La destruction des arbres suscite des critiques tant du point de vue de l’écologie et de la biodiversité, que de la légalité des procédures mises en œuvre par l’initiatrice du projet, Malika El Alaoui.

Cette dernière assure n’être intervenue que pour sauver la parcelle, dont les arbres seraient malades, voire morts pour certains, nous assure-t-elle. « La réhabilitation laissera place à un jardin botanique ouvert aux visiteurs et disposant de plusieurs espèces végétales », promet-elle. Malika El Alaoui nous affirme être en possession des autorisations nécessaires. « J’ai déposé mon dossier auprès du centre régional d’investissement, il a été accepté et accueilli avec enthousiasme », soutient-elle. Seul problème, le parc est une zone naturelle protégée.

Selon une juriste spécialiste de l’urbanisme consultée par TelQuel.ma, de telles zones sont tout simplement inaliénables. « Qu’importe les autorisations obtenues, seul le Haut-commissariat aux eaux et forêts peut intervenir dans de telles zones », nous explique notre source.  

Les documents dont se prévaut Malika El Alaoui, et dont TelQuel.ma détient copie, comprennent notamment une autorisation de clôture émanant du caïdat de Tanger ville, une autorisation de creuser un puits délivrée par l’agence du bassin hydraulique, ainsi qu’une autorisation de coupe des arbres également fournie par le caïdat de Tanger ville. Elles ont été obtenues séparément, et non en commission mixte comme prévu par la loi. Pour Mme Alaoui, la création de ce jardin s’est heurtée à « un vide juridique au niveau des services communaux. Il ne s’agit pas d’un immeuble. Je ne peux pas déposer une demande en une fois, on organise le projet par étapes », justifie-t-elle.

Un désastre écologique en cours

Au sein du Conseil de la ville, personne n’a l’air de vraiment savoir ce qui se passe. Saïd Ettalhi, président de la commission urbanisme et environnement, nous affirme qu’il est intervenu en session pour demander des explications au maire sur la situation. Un communiqué d’une association tangéroise, l’Observatoire de protection de l’environnement et des monuments historiques de Tanger, dénonce d’ailleurs ce qu’il considère comme des travaux « quasi-secrets » et conduits dans « un manque total de transparence ». Interrogé le 7 février lors de la matinale de Radio 2M, Mohamed Amajhour, adjoint au maire de Tanger, admet que le Conseil de la ville n’a pas été prévenu des travaux engagés.

Une missive envoyée par le Haut-commissariat aux eaux et forêts à l’Observatoire de protection de l’environnement et des monuments historiques de Tanger affirme toutefois qu’une commission s’est assurée que les arbres étaient bien malades. Un argument auquel ne croit pas Jamal Amiar, journaliste, à l’origine d’une pétition réclamant l’arrêt du chantier. Il affirme que « les arbres se portent très bien de l’autre côté de la clôture ». Il dénonce un « désastre écologique dans un parc qui est une réserve naturelle protégée ».

De son côté, Malika El Alaoui affirme vouloir simplement participer à la préservation d’un site naturel qui sera ouvert aux promeneurs, et qui sera « un complément parfait au parc Perdicaris, situé à proximité« .

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