Elections françaises: opération de charme d'Erwan Davoux à Casablanca

Erwan Davoux, candidat de droite dans la 9e circonscription des Français de l'étranger aux élections législatives, était en campagne à Casablanca où il a rencontré d'un petit échantillon de militants.

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Les invités arrivent au compte-goutte ce 6 février à 19 heures dans le grand salon d’un appartement de la capitale économique. Au total, une vingtaine de militants du parti français Les Républicains (droite) se serrent dans les canapés, pâtisseries et amuse-bouches à portée de main. Tous attendent d’Erwan Davoux, candidat de la 9e circonscription des Français établis hors de France aux élections législatives prévues au mois de juin.

Cette circonscription couvre 16 pays entre l’Afrique du nord et de l’ouest, dont le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et le Sénégal. « J’essaie de venir au moins une fois tous les mois à Casablanca qui est la ville où il y a le plus de ressortissants français« , nous confie Erwan Davoux, 45 ans.  « Je ne suis pas Marocain, personne n’est parfait« , commence le candidat avec un sourire avant de rappeler qu’il est né en Tunisie où il a appris à lire et écrire l’arabe à l’âge de six ans. « Promis, une partie de mon prochain discours sera en arabe« , ajoute-t-il devant un auditoire forcément acquis.

Discrètement, Erwan Davoux place les premières pierres de sa campagne. La circonscription, actuellement à gauche, avait été gagnée avec 62,39% des voix par le socialiste Pouria Amirshahi en 2012. Cette année, il fera face à l’ancien diplomate Didier Le Bret. « Avec l’actualité de Fillon, la tâche n’est pas facilitée« , avoue le candidat de droite.

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Éducation et francophonie

Jus de fraise à la main, Erwan Davoux table sur l’éducation pour séduire le petit échantillon de Franco-Marocains, expatriés, professeurs, ingénieurs de BTP ou fonctionnaires du consulat qui se sont réunis devant lui. Dans une ambiance solennelle, les militants écoutent le candidat leur expliquer que les frais de scolarité sont trop élevés dans les missions françaises au Maroc. « Sans revenir sur la gratuité de la scolarité pour les élèves français, il faut que l’État s’engage davantage« , assène-t-il. Un argument auquel est sensible Ilhem, professeure d’anglais à Lyautey, le plus grand lycée français au Maroc.

Erwan Davoux

Mais ce qui préoccupe Karim, jeune Franco-Marocain de 25 ans, c’est plutôt la perte d’influence de la francophonie au Maroc et dans les pays de la région. Erwan Davoux acquiesce et constate que « quand la France met des barrières avec des visas difficiles à obtenir, il n’est pas étonnant que les étudiants qui ont fait toute leur scolarité dans un lycée français partent faire leurs études au Canada ». Pour autant, le candidat n’a rien à proposer de concret.

Avantages fiscaux

Jacques, retraité français né en Algérie et vivant au Maroc, interpelle sans transition le candidat. « C’est aussi pour avoir moins d’impôts que nous sommes ici« , grogne-t-il contre les taxes qu’il doit payer depuis le mandat de François Hollande. Le candidat de droite réplique immédiatement par un argument de son programme: il compte alléger les taxes des Français de l’étranger en supprimant la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution pour la réduction de la dette sociale (CRDS). « Je souhaite aussi que la résidence en France soit la résidence principale et non secondaire des ressortissants français de l’étranger« , explique-t-il.

Se tourner vers la Méditerranée

Le retraité relance alors le candidat sur un autre sujet qui le préoccupe: la baisse de l’influence de la France à l’international. Un des Franco-Marocains présents propose même « de se rapprocher de la Russie pour contrer les États-Unis« . Un argument assez catégorique que réfute calmement Erwan Davoux, qui rappelle que la Russie est certes un pays ami de la France, mais qu’elle a un système politique et des valeurs qui ne sont pas les mêmes qu’en Hexagone. Il mentionne aussi que les États-Unis sont un allié important de la France.

Erwan Davoux reste fidèle à sa famille politique dans laquelle il est rentré auprès de Jacques Chirac quand il était encore étudiant. Celui qui a été conseiller diplomatique sous Nicolas Sarkozy n’est pas tendre envers le quinquennat socialiste. « Il n’y a que le Mali où notre opération a été justifiée ces dernières années, mais on a raté le processus politique« , constate-t-il. Pas un mot sur la Libye de Kadhafi dans laquelle est intervenu Nicolas Sarkzoy avant la chute de l’ancienne JamahiriyaErwan Davoux, qui a été responsable des relations internationales de son parti, estime que la solution pour que la France retrouve son leadership est de se tourner vers la Méditerranée et les pays du Maghreb. Le Maroc, fort de 50.000 ressortissants français et nombreux binationaux, doit être une des priorités.

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