Hakima El Haité: "J'ai l'idée de boycotter la liste nationale"

Les listes nationales n'ont pas fait l'unanimité lors du forum sur les femmes et la politique, organisé à Casablanca. La ministre a appelé à les boycotter lors des prochaines élections.

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Crédit: Rachid Tniouni
Crédit: Rachid Tniouni

« J’ai défendu le quota, mais j’ai l’idée de boycotter la liste nationale« , a déclaré Hakima El Haité, ministre déléguée à l’Environnement lors du forum « Femmes et politique » organisé par la Commission France-Maroc et le parti français Les Républicains le 4 février. 

La ministre issue du Mouvement populaire (MP) s’est exprimée après l’appel de Rabéa Naciri, fondatrice de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) à supprimer la liste nationale. Ce scrutin permet de réserver automatiquement 60 sièges à des femmes au sein de la Chambre des représentants, en plus de 30 pour les jeunes de moins de 40 ans. Une discrimination positive censée encourager la participation politique de la gent féminine. Selon Rabéa Naciri, cette mesure a été plus un frein qu’une aide.

« Un ghetto pour les femmes politiques »

Rabéa Naciri a relevé le problème de ne pouvoir briguer qu’un seul mandat lorsqu’une femme se présente sur la liste nationale d’un parti. Ce principe limite donc le nombre de candidatures féminines, et éloigne les femmes du terrain de leur circonscription territoriale alors que l’élément de proximité est le meilleur moyen de faire sa place en politique.

 « On a créé un plancher minimum, mais aussi un seuil. Cette liste est comme un ghetto pour les femmes politiques qui ne pourront jamais accéder à la masse critique du tiers de l’assemblée », explique Rabéa Naciri. 

La militante admet néanmoins que la loi a évolué. En effet, depuis la réforme de 2016, les 30 places réservées aux jeunes de moins de 40 ans sur les listes nationales concernent aussi les femmes.

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Un point de départ qui devrait être temporaire

« Je veux rappeler que la liste nationale est une liste d’élus. Ce n’est pas une nomination« , a précisé Loubna Amhair, élue MP présente sur la liste nationale en 2007. « Des citoyens votent pour cette liste, nous ne sommes pas des députés de second grade. Seulement, notre circonscription est nationale et non pas territoriale« , poursuit-elle. Selon elle, il est essentiel de passer par ce système pour que les femmes marocaines s’imposent en politique et trouvent leur place. Si ce système n’existait pas,  « je n’aurais jamais pu accéder à la Chambre de représentants« , confie encore Loubna Amhair.

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Si la mise en place des quotas dans les listes nationales a été un bon point de départ, Rabéa Naciri s’est pourtant indignée de ce principe « qui était une nécessité lors de sa création en 2002« , mais qui n’est plus d’actualité maintenant que la constitution de 2011 garantit la parité. Cette liste avait donc vocation à être temporaire.

La parité plutôt que la liste nationale

Lors du forum, les intervenantes ont rappelé l’importance de la société civile qui se mobilise pour faire changer les lois. Un combat porté par Khadijah Errebah, coordinatrice du mouvement pour la démocratie paritaire au Maroc. « Nous voulons des quotas et non pas une liste nationale« , a-t-elle répété. 

Rabéa Naciri approuve. « Nous voulons une parité horizontale et verticale des listes législatives« . Le but est aussi de porter des femmes en tête des listes, mais aussi à des postes de responsabilité au sein des partis. « Ceci est encore loin d’être le cas« , d’après Najwa Koukouss, 25 ans, conseillère de la ville de Casablanca, qui a raconté la frilosité de militants du PAM de la voir élue à la tête de la jeunesse de son parti.

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