La désignation de ce politicien de carrière de 49 ans, jusque-là considéré comme un poids plume de la politique française, vient clore le tableau des principaux candidats au scrutin d’avril-mai. Avec une participation en hausse, Benoit Hamon l’a emporté avec 58,65 % des voix contre 41,35% à Manuel Valls, selon les résultats partiels publiés dimanche par les organisateurs qui prévoient une « évolution marginale« .
L’éviction de Manuel Valls intervient dans une campagne aux allures de jeu de massacre, après le renoncement surprise du président socialiste François Hollande et l’élimination sèche de son prédécesseur à l’Elysée, Nicolas Sarkozy – lui-même éjecté par son ancien Premier ministre François Fillon. L’envie des électeurs pour des profils nouveaux se reflète aussi avec la poussée d’Emmanuel Macron, ancien banquier d’affaires et ancien ministre de l’Economie, qui a réussi à se tailler en quelques mois une belle place dans le camp des « progressistes« .
Jusqu’à présent, les sondages annoncent un duel entre la droite et l’extrême-droite au second tour. Mais les récentes difficultés de M. Fillon – empêtré dans un scandale de présumés emplois fictifs visant son épouse Penelope – ont eu un impact négatif dans l’opinion publique et pourraient changer la donne.
Malgré les attaques de son adversaire contre son programme centré sur la justice sociale, Benoît Hamon a nettement distancé Manuel Valls, 54 ans, qui mettait en avant son expérience du pouvoir dans un contexte international difficile et face à la menace jihadiste en France.
« On a toujours besoin de rêves et d’un projet qui tienne la route« , a estimé Annick Descamps, une architecte parisienne de 60 ans, qui a voté Hamon parce qu' »il apporte des principes dans la citoyenneté, la solidarité et la répartition des richesses« . Révélation de la campagne, ce politicien de carrière a séduit avec sa vision innovante sur la transition écologique, le travail, la révolution numérique et sa proposition phare sur un revenu universel d’existence – de 750 euros à terme.
Mais Benoît Hamon n’est pas au bout de ses peines. Depuis des mois, le champion socialiste, quel qu’il soit, est donné perdant au premier tour de la présidentielle le 23 avril, loin derrière le conservateur François Fillon et la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen, galvanisée par le Brexit et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis. Pour espérer se hisser au second tour, la gauche – écartelée entre plusieurs candidats aux antipodes – va devoir se rassembler.
Benoît Hamon a déjà lancé quelques perches. Fraîchement converti à l’écologie, il ne désespère pas de s’allier avec le candidat vert Yanick Jadot, voire avec le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon. Bien placé jusqu’ici dans les sondages, ce dernier a néanmoins fait savoir qu’il n’avait aucune intention de se retirer de la course. Le dialogue s’annonce plus délicat avec Emmanuel Macron, ex-ministre de gauche repositionné au centre, qui fait salle comble ces dernières semaines et engrange un flux ininterrompu de ralliements.
Signe de l’inquiétude qu’il suscite, il a été particulièrement ciblé lors du grand meeting organisé par François Fillon dimanche à Paris. Le candidat conservateur qui a fait de la probité un thème clef de sa campagne a tenté de reprendre la main: « je n’ai peur de rien, j’ai le cuir solide » et « on ne m’intimidera pas« , a-t-il lancé sous les ovations de milliers de partisans. Il a plusieurs fois dénoncé les « intimidations » mais sans fournir d’explication concrète sur les 500.000 euros de salaire touchés par son épouse.
Dans ce contexte de campagne riche en surprises, Benoît Hamon veut faire mentir le scénario de la défaite. »En vérité la victoire est là, à portée de main, à condition que nous propulsions (…) un futur désirable », avait-il lancé vendredi soir lors d’un ultime meeting.
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