Quand la famille de Winston Churchill avait peur qu’il se convertisse à l’islam

Les proches de Winston Churchill se sont fait un sang d’encre à propos de sa conversion à l’islam. Mais le célèbre premier ministre britannique était simplement un grand passionné de l’islam et de la culture orientale, notamment par ses nombreux séjours au Maroc.

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Churchill à Marrakech en 1944. Crédit : Photographe officiel de guerre, Musée britannique de la Guerre Impériale

La famille de Winston Churchill a pressé le célèbre premier ministre britannique de « combattre » son envie de se convertir à l’islam. C’est ce que révèlent des lettres trouvées par Warren Dockter, un chercheur en histoire à l’université de Cambridge et publiées dans le quotidien britannique The Independent.

« S’il vous plaît, ne vous convertissez pas à l’islam », avait écrit sa belle-sœur dans une lettre qui date d’août 1907, alors que le jeune homme n’avait que 33 ans.

Sa famille a donc pris très au sérieux le goût prononcé pour l’islam et la culture orientale de celui qui deviendra le premier ministre de la Grande-Bretagne, connu pour avoir mené la résistance contre l’Allemagne nazie pendant la Seconde guerre mondiale.

« J’ai remarqué que vous aviez tendance à vous orientaliser, avec des tendances de Pacha. Si vous entrez en contact avec l’islam, votre conversion pourrait être effectuée avec plus de facilités que vous n’auriez pu le supposer, l’appel du sang, battez vous contre cela », s’était inquiétée Gwendoline Bertie, femme du frère de Winston Churchill, Jack.

Alors qu’il servait l’armée britannique au Soudan, Winston Churchill avait écrit dans une lettre en 1907 qu’il « aurait voulu être » un pacha, qui était un rang de distinction dans l’Empire ottoman selon The Independant.

Mais Winston Churchill était aussi très critique envers la religion musulmane. « Le fait que, dans la loi musulmane, toutes les femmes doivent appartenir à un homme, même si c’est une enfant, une épouse ou une concubine, va retarder l’extinction définitive de l’esclavage jusqu’à ce que la foi en l’islam cesse d’être un pouvoir de l’homme », avait-il écrit en 1899 quand il était au Soudan. « L’influence de la religion paralyse le développement social de ceux qui la suive. Il n’existe pas de force rétrograde plus forte », jugeait-il.

Churchill, passionné de culture orientale et du Maroc

Winston Churchill avait étudié la culture islamique, « ce qui était commun à l’époque victorienne » explique Warren Docter au journal the Independent. Le premier ministre britannique était d’ailleurs un grand amoureux du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et notamment du Maroc où il a séjourné à maintes reprises.

Lors de l’ouverture de la COP22 à Marrakech en novembre 2016, John Kerry, secrétaire d’État américain, a alors rendu hommage à Winston Churchill. « C’est un grand plaisir pour moi d’être ici, à Marrakech. Cela me rappelle l’une des plus grandes figures du XXe siècle, dont le lien avec cette ville est si célèbre: Sir Winston Churchill », a-t-il déclaré (2’08 minutes de la vidéo en bas).

John Kerry a fait référence à la réunion des Alliés à Casablanca, où se sont retrouvés les grands chefs d’État pour combattre Hitler en Europe. « Churchill était absolument stupéfait d’apprendre que Roosevelt n’avait jamais été dans cette partie du Maroc », s’est amusé le secrétaire d’État américain. Il raconte alors que le chef de gouvernement britannique avait emmené le président américain à Marrakech pour voir le soleil se coucher sur les montages de l’Atlas. « Et Churchill a dit que c’était la plus belle vue sur Terre », a raconté John Kerry.

C’est d’ailleurs dans ces montagnes que Winston Churchill a lancé ses premiers coups de pinceaux. « Il aimait peindre les paysages, et s’imprégner de la beauté et de la culture du Maroc » dès 1935 et son premier passage dans le royaume chérifien, a expliqué John Kerry. Il est donc devenu un habitué de la Mamounia, d’où il a peint le tableau Sunset on the Atlas Moutains.

Lire aussi : Peinture. Churchill, El Glaoui et Marrakech

Ses tableaux ont d’ailleurs été exposés à Londres en 2012 et à Marrakech en 2014, aux côtés de ceux de l’artiste marocain Hassan El Glaoui dont il était très proche. Un de ces tableaux a même été vendu à près d’un million de dollars lors d’une vente aux enchères à Sotheby’s. Winston Churchill a aussi fréquenté le légendaire hôtel El Minzah et son bar à Tanger.

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