Des centaines de manifestants ont battu le pavé, le 18 décembre, dans plusieurs villes marocaines pour protester contre l’avant-projet de loi relatif à la réforme de l’enseignement sur laquelle le Conseil supérieur de l’éducation (CSEFRS) a livré son avis le 22 novembre.
À l’appel du syndicat national de l’enseignement, affilié à la CDT, plusieurs marcheurs ont sillonné les rues du Casablanca, qui a accueilli le plus gros cortège de manifestants, avec en tête des manifestants la secrétaire générale du PSU, Nabila Mounib, ou encore Allal Bellarbi, secrétaire général du syndicat national de l’enseignement.
« Remettre en place la confiance entre les citoyens et l’école »
Pour Allal Belarbi, il n’est pas question de réformer l’enseignement ou encore son financement car « il faut penser à rétablir la qualité de l’enseignement pour tous afin de remettre en place la confiance entre les citoyens et l’école publique ».
Le syndicaliste estime que la réforme de l’enseignement est « secondaire » lorsque l’Etat « sait très bien qu’entre 2014 et 2020, plus de 100 000 fonctionnaires vont quitter l’enseignement ». « Nous sommes en 2017, et les choses ne sont pas prêtes de s’arranger. Alors qu’en cette année nous avons besoin de 30 000 enseignants, le projet de loi de finances 2017 ne prévoyait que 5 000 embauches », se désole Bellarbi
Des manifestations à venir
Pour la chef de de file de la Fédération de la gauche démocratique, Nabila Mounib, le possible ajout d’une contribution afin de financer l’enseignement secondaire illustre « les diktats de la mondialisation sauvage qui détruisent nos acquis ».
Très remontés contre la loi-cadre de l’enseignement, les manifestants ne comptent pas se démobiliser. « Nous prévoyons d’autres marches. Nous allons opérer comme lors d’une campagne électorale, en allant toquer chez les gens pour les prévenir de la dangerosité de la situation. Car tout le monde est concerné », promet Larbi Bellarbi. Et de s’interroger : « Comment un parent d’élève peut financer une contribution à un enfant qui, lorsqu’il ira à l’école, va se retrouver dans une classe de 70 élèves ? ».
Pour Bellarbi, « avant de parler financement, il faut parler de la qualité de l’enseignement. La cohésion sociale ne peut se faire sans un enseignement de qualité et ouvert à tous, au fils du riche comme au fils du pauvre », a-t-il encore martelé.
Réforme « nécessaire » et « obligatoire »
Pour rappel, le Conseil supérieur de l’éducation a livré son avis sur l’avant-projet de loi de la réforme de l’enseignement le 22 novembre dernier. Dans cet avis, le Conseil recommande au gouvernement de « diversifier les sources de financement » comme l’a indiqué son président, Omar Azziman, lors de son passage dans l’émission Confidences de presse, le 4 décembre.
Lors de son intervention, Azziman a déclaré que cette diversification « est quelque chose de nécessaire et obligatoire pour réhabiliter et mettre à niveau l’école marocaine » tout en insistant sur le fait que « le gouvernement peut néanmoins trouver d’autres idées » pour financer le secteur de l’enseignement pour lequel les dépenses atteignent 6% du PIB . Le Conseil a également demandé au gouvernement de mener une étude dans le but d’identifier les familles pouvant contribuer au financement de l’enseignement secondaire. Les remarques du CSEFRS sur l’avant-projet de loi cadre ont été soumises au Chef du gouvernement.
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