Leïla Slimani raconte son année 2016 aux Inrocks

L'écrivaine Leïla Slimani fait la une des Inrockuptibles. Une sortie où elle revient sur son année 2016 en quatre saisons. Florilège.

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Leïla Slimani a gagné le prix littéraire Goncourt à seulement 35 ans avec son roman Chanson Douce. Une prouesse pour cette jeune marocaine au profil atypique. Auteure à succès, elle fait alors la couverture du magazine culturel français les « Inrocks » avec la musicienne La Femme et l’actrice Virginie Efira. L’écrivaine revient sur son année au rythme des saisons.

Hiver : « De cette saison, j’aime ce que d’autres détestent »

Leïla Slimani explique comment elle est inspirée par l’hiver, sa « morosité, le froid et la grisaille ». Pourtant, l’hiver dernier était une épreuve. L’écrivaine évoque les débats politiques qui l’épuisent à propos du terrorisme, de l’islam et des attentats. Lasse, elle écrit : « Je n’ai plus envie de donner mon avis, moi qu’on appelle parfois pour écrire sur les femmes musulmanes, le terrorisme, l’identité. Je suis aux abonnés absents.»

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Elle préfère alors s’isoler à la campagne pour écrire son roman à cette époque intitulé Nounou. Dans son récit, on peut l’imaginer travailler sur ce qui sera le prochain prix Goncourt : « Je mange dans la casserole, je m’endors sur le clavier de l’ordinateur. Aujourd’hui, j’ai écrit toute une scène et je ris comme une forcenée.» Avant de conclure : « la littérature est le lieu où je peux me défaire de mon identité sociale, ethnique, de mon genre. »

Printemps : « Je suis hantée par les fantômes »

L’écrivaine est marquée par la situation des migrants au printemps 2016. « L’exil, l’immigration, ont toujours fait partie de ma vie », raconte-t-elle en revenant sur les années 1990 et ses souvenirs de files d’attente devant les consulats à Rabat.

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Elle raconte alors sa rencontre avec un chauffeur de taxi à Casablanca. Sans qu’elle s’y attende, il lui raconte qu’il est en train de lire Pour qui sonne le glas d’Ernest Hemingway, lui qui a voyagé dans sa jeunesse. « Il a fait le tour de l’Europe. Il est tombé amoureux d’une Anglaise, s’est fait refouler à Calais (déjà…) », conclut-elle avec un brin de déception avant de se ressaisir. C’est à cette saison que Leïla Slimani trouve le titre de son roman : Chanson douce.

Eté : « Une saison lourde, épuisante, inutile »

Alors que l’été l’ennuie, Leïla Slimani est partie à Moscou visiter la maison de Tchekhov. Un jour dont elle se souviendra : « Sur mon téléphone, les alertes se multiplient. Un camion jeté à toute allure sur la promenade des Anglais. » Epuisée, elle conclut avec tristesse : « La Méditerranée, cette année, est tachée de haine et de sang. »

Automne : la sortie de Chanson douce

Leïla Slimani revient avec émotion et tendresse sur le moment où elle a gagné le prix Goncourt: « Je me souviens des moindres détails de cette journée. Du soleil le matin sur la rue des Abbesses où j’ai bu un café, de mon arrivée chez Gallimard, des rires de mon éditeur, de l’empoignade des journalistes devant chez Drouant. Je me souviens du goût de la tarte à l’ananas, des mots prononcés, de la force des accolades. De ma joie aussi, si grande, si pure. Du regard de ma mère. »

Tout va bien, l’hiver recommence.

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